Les médias britanniques étaient surexcités par l’incident qu’a provoqué Jacques Chirac, hier soir, en quittant la salle du Conseil européen. Enfin une bonne histoire dans un sommet qui s’annonçait ennuyeux et sur lequel plusieurs journaux anglais s’apprêtaient même à faire l’impasse !
s’est expliqué, vers 23h30, sur le geste d’humeur du Président de la République vis-à-vis du baron : « c’e
st une première qu’une personne de nationalité française s’exprime dans la salle du Conseil en anglais. La réaction du Président a été spontanée. Il s’agit d’un geste non pas de mauvaise humeur mais de réprobation. Il s’agit d’une question politique. Il en va du respect des usages linguistiques dans l’Union européenne ».
L’Elysée, au mépris des réalités, ajoute qu’il n’y a pas «
une langue des affaires mais qu’il y en a autant qu’il y a d’économies ».
Il s’agit sans aucun doute d’une provocation comme les affectionne Ernest-Antoine Seillière qui, dans son intervention devant le Conseil européen, a dénoncé, en anglais donc, le « patriotisme économique » à la française. Car même Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, qui ne s’exprime quasiment plus qu’en anglais (sauf en France) a pris soin de parler dans la langue de Molière, alors qu’il est intervenu avant le patron de l’UNICE.
Même si l'opération n'était pas préméditée, le bénéfice pour la France est important. Dans la tourmente déclenchée par la révolte du coq gaulois, la question du « patriotisme économique » est immédiatement passée au second rang des préoccupations journalistiques… D'ailleurs, comme cela était prévu, « le mot de protectionnisme n'a été prononcé par personne », ainsi que l'a fait ironiquement observé Jean-Claude Juncker, le Premier ministre luxembourgeois, en conclusion du dîner des chefs d'Etat et de gouvernement.