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Libération
Blog «Coulisses de Bruxelles»

Une Union très belge

Aujourd’hui, les institutions communautaires sont fermées, comme chaque année depuis 1958. Même les Représentations permanentes des vingt-cinq Etats membres de l’Union font relâche. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit de la fête nationale belge, qui célèbre la prestation de serment du premier Roi des Belges, Léopold 1er  (un prince allemand qui a combattu Napoléon dans les rangs russes et qui a ensuite acquis la nationalité britannique), il y a tout juste 175 ans. Quel rapport avec l’Europe ? Aucun. I
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publié le 21 juillet 2006 à 19h54
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h15)

Aujourd’hui, les institutions communautaires sont fermées, comme chaque année depuis 1958. Même les Représentations permanentes des vingt-cinq Etats membres de l’Union font relâche. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit de la

fête nationale belge

, qui célèbre la prestation de serment du premier Roi des Belges, Léopold 1er  (un prince allemand qui a combattu Napoléon dans les rangs russes et qui a ensuite acquis la nationalité britannique), il y a tout juste 175 ans. Quel rapport avec l’Europe ? Aucun. Il s’agit d’ailleurs de la seule fête nationale que l’Union respecte.

La pratique est pour le moins curieuse. Un diplomate explique que ce jour est chômé par « respect pour le pays d'accueil ». L'argument est intéressant, mais ne résiste pas à l'examen : le Parlement européen n'a jamais hésité à tenir sa session plénière à Strasbourg les 14 juillet. Le « respect » serait-il à géométrie variable ? Si on pousse le raisonnement un peu plus loin, il est curieux que les institutions respectent une célébration par essence nationaliste. Ce n'est pas pour rien que l'Union a créé son propre jour de fête, chômé pour les institutions communautaires, le 9 mai, date anniversaire de la déclaration Schuman (une date reprise par l'article I-8 du projet de traité constitutionnel relatif aux symboles de l'Union).

Objectivement, il n’y a donc aucune raison que les institutions communautaires cessent le travail ce 21

juillet ou alors il faudrait respecter TOUTES les fêtes nationales. On peut faire la même remarque pour les

fêtes religieuses

chômées en Belgique que les fonctionnaires européens respectent scrupuleusement. Car, là aussi, il y a un malaise : pourquoi ne pas respecter les fêtes orthodoxes, juives ou musulmanes ? Il n’y a, là encore, aucune raison de se plier aux usages et aux lois belges. D’autant que les institutions européennes jouissent de l’extraterritorialité et ne risquent donc pas de voir les inspecteurs du travail locaux débarquer… Il est d’ailleurs possible d’agir autrement: ainsi, l’Union ignore superbement une célébration, fériée en Belgique, celle du 11 novembre, anniversaire de l’armistice qui a mis fin à la guerre de 14-18.

<span>Ne serait-il pas plus judicieux de mettre un quota de quelques jours à la disposition des fonctionnaires qui pourraient les utiliser pour respecter les fêtes de leur religion ou tout simplement pour partir en week-end prolongé. <br/><br/>Pour quelle raison l'Union baisserait-elle le rideau de fer pour les seules célébrations catholiques à l'heure où elle s'élargit à davantage de pays orthodoxes et peut-être un jour à un pays musulman ?</span>