Finalement,
le parti conservateur britannique renonce à quitter dans l’immédiat le groupe politique du Parti populaire européen-Démocrates européens (PPE-DE)
. L’annonce en a été faite par le jeune leader tory,
David Cameron
, le 13 juillet, alors qu’il avait
[ promis ]
avant son élection à la tête du parti, le 6 décembre 2005, de claquer sans tarder la porte du principal groupe du Parlement européen (267 sièges sur 732) jugé trop « fédéraliste ».
Mais, c'est promis, ce n'est que partie remise : le parti conservateur quittera le PPE-DE, mais seulement après les élections européennes de juin 2009. « Si nous sommes d'accord sur la dérégulation et le libre marché, nous ne partageons pas leur vision sur le développement futur de l'Europe », a répété Cameron. Mais sa nouvelle promesse n'engage pas à grand chose : trois ans en politique, c'est quasiment l'éternité, d'autant que, d'ici là, des élections législatives auront eu lieu en Grande-Bretagne, élections qui décideront de l'avenir de Cameron.
Afin de donner plus de crédibilité à son nouvel engagement et rassurer la majorité europhobe de son parti, le leader tory a d'ores et déjà annoncé la création d'un nouveau groupe politique après les élections européennes dont le nom est déjà déposé : « Mouvement pour une réforme européenne » (MRE). Même si le Parti civique démocratique tchèque (ODS, dont est membre le Président de la République eurosceptique Vaclav Klaus) a déjà fait part de son intention de rejoindre le nouveau groupe, Cameron n'est pas au bout de ses peines puisqu'il faut actuellement, pour créer un groupe, réunir au moins dix-neuf députés européens originaires de cinq Etats membres différents… C'est d'ailleurs sans doute l'une des principales raisons qui ont motivé le report du départ des conservateurs. « Il y a encore beaucoup de partenaires potentiels » au sein des droites européennes a néanmoins assuré Cameron. Le problème est que la droite anti-européenne est à peu près aussi divisée que l'extrême gauche française, c'est dire.
Ce départ différé peut aussi s’analyser comme une petite victoire des europhiles du parti tory qui sont tout à fait satisfaits de leur cohabitation avec le PPE. Avec raison, ils ne voient pas l’intérêt qu’il y a à siéger dans un nouveau groupe minoritaire qui ne pourra qu’être marginal au sein Parlement européen tant il est vrai qu’il n’y a guère de salut hors des deux grands groupes que sont le PPE et le PSE. Actuellement, avec un «droit de tendance» reconnu au sein du PPE-DE, les 27 eurodéputés tories pèsent d’un poids sans rapport avec leur nombre : ils ont, en effet, droit à une vice-présidence du Parlement, à une vice-présidence du groupe, à sept postes de coordonnateurs dans les commissions parlementaires, ainsi qu’à de nombreux postes de rapporteurs de projets de directives sans oublier de généreux crédits de fonctionnement.
Comme le remarque <strong>Caroline Jackson</strong>, une eurodéputée tory, <em>« les principaux partis de droite en Europe sont dans le PPE, les chrétiens-démocrates allemands, le centre-droit français, le centre-droit espagnol et ainsi de suite. Ils sont tous là et ils ne vont pas partir. Je crains que nous nous retrouvions dans l'équipe de réserve »</em>. Vu la façon dont fonctionne le Parlement européen, ce n'est pas une crainte, c'est une certitude. Il reste trois ans aux tories europhiles pour convaincre Cameron de renoncer à cette marginalisation annoncée.