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Libération
Blog «Coulisses de Bruxelles»

Un million de « signatures » contre Strasbourg

Ce matin, à 11 heures, la députée européenne du groupe « démocrate et libéral », Cecilia Malmström, a présenté à la presse le million de courriels recueilli par sa pétition en ligne pour que les travaux du Parlement européen soient regroupés dans la capitale belge et non plus éclatés entre Strasbourg, Luxembourg et Bruxelles. La moitié environ des signatures provient des Pays-Bas (435.000 sur 15 millions d’habitants !), ce qui n’est guère étonnant, les citoyens de ce pays ayant voté contre la
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publié le 21 septembre 2006 à 19h24
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h15)

Ce matin, à 11 heures, la députée européenne du groupe « démocrate et libéral », Cecilia

Malmström, a présenté à la presse le million de courriels recueilli par sa

en ligne pour que les travaux du Parlement européen soient regroupés dans la capitale belge et non plus éclatés entre Strasbourg, Luxembourg et Bruxelles.

La moitié environ des signatures provient des Pays-Bas (435.000 sur 15 millions d'habitants !), ce qui n'est guère étonnant, les citoyens de ce pays ayant voté contre la Constitution européenne, le 1er juin 2005, en raison du coût jugé trop élevé de l'Union. Toute économie est donc bonne à prendre. Viennent ensuite les Etats nordiques, eux-aussi soucieux d'économies, puis la…Belgique (un peu moins de 126.000 signatures) et le Portugal (41.000). En revanche, la pétition a fait un flop dans la grande majorité des pays de l'Union, en particulier en France (6710), en Italie (5425), en Espagne (13.510) et même en Allemagne (35.000 signatures pour plus de 80 millions d'habitants), au Royaume-Uni (15000) ainsi que dans les nouveaux Etats membres sur lesquels les initiateurs de cette fronde contre Strasbourg fondaient pourtant de grands espoirs.

La méthodologie de cette pétition en ligne laisse quelque peu rêveur : aucun vérificateur d'adresse n'ayant été mis en place, n'importe qui pouvait signer des centaines de fois ou utiliser une série de pseudonymes. Cecilia Malmström a certifié qu'un mail de vérification avait été envoyé à tous les signataires : « s'il n'y avait pas de réponse, la signature était éliminée. Il y a eu très peu de faux », environ 5000 selon l'eurodéputée suédoise. Ce qui ne répond pas à la question des multiples adresses mails que peut posséder une seule personne. Une  journaliste de la BBC a ainsi brandi un très réel « Donald Duck » déclanchant l'hilarité de la salle. « Ce n'est pas une plaisanterie », a protesté Alexander Alvaro, un eurodéputé libéral allemand : «  notre réputation est en jeu ».

Cette  pétition, que les eurodéputés sont ensuite allé remettre à un représentant du président de la Commission, est purement symbolique. Si la Constitution avait été en vigueur, l’exécutif européen aurait dû se pencher sur le problème et, éventuellement, soumettre une proposition de modification des traités aux chefs d’Etat et de gouvernement. L’opération permettra au moins

« de préparer les Français à une évolution nécessaire »

, selon le travailliste

. Les sièges étant fixés à l’unanimité, les eurodéputés ont aussi conscience que la France opposera automatiquement son veto, comme a pu le constater, en juin dernier, Josep Borrell, le président du Parlement, lorsqu’il s’est heurté à une

.

C’est pourquoi Corbett propose, comme Daniel Cohn-Bendit avant lui, qu’en échange du siège du Parlement, Strasbourg accueille, en lieu et place de Bruxelles, l’ensemble des Conseils européens qui ont lieu au minimum quatre fois par an. Ca ne remplacera pas quatre jours de sessions plénières par mois, d’un point de vue économique, mais c’est tellement plus prestigieux puisque le Conseil est l’instance suprême de l’Union. Les eurodéputés frondeurs ne désespèrent manifestement pas de la prétention française…