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Libération
Blog «Coulisses de Bruxelles»

Le bouclier de l’euro

Avant l’euro, avant 1999, la moindre crise politique, qu’elle soit interne ou externe, avait des conséquences sur le marché des changes. La monnaie d’un pays pouvait brutalement plonger parce que les investisseurs perdaient confiance, obligeant la banque centrale à la défendre en remontant les taux d’intérêt, ce qui avait pour conséquence de freiner brutalement la croissance (lorsque le loyer de l’argent augmente, le crédit et donc l’investissement diminue, c’est mécanique). Les deux dernières
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publié le 4 octobre 2006 à 18h44
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h15)

Avant l’euro, avant 1999,

la moindre crise politique, qu’elle soit interne ou externe, avait des

conséquences sur le marché des changes. La monnaie d’un pays pouvait brutalement plonger parce que les investisseurs perdaient confiance, obligeant la banque centrale à la défendre en remontant les taux d’intérêt, ce qui avait pour conséquence de freiner brutalement la croissance (lorsque le loyer de l’argent augmente, le crédit et donc l’investissement diminue, c’est mécanique). Les deux dernières crises monétaires d’avant la monnaie unique -en 1992-1993, puis en 1995- ont ainsi coûté très cher à la France en termes de croissance et donc d’emplois : Michel Sapin, ancien ministre des finances, avance le chiffre, pour la crise de 1992-1993, d’un million d’emplois perdus...

Depuis, la zone euro est devenu un havre de paix monétaire : un référendum peut être perdu par le pouvoir en place, un pays peut-être paralysé par des grèves à répétition, des ministres peuvent faire des déclarations idiotes propres à semer la panique, cela n'a aucune conséquence, ou si peu, sur la valeur de l'euro. L'euroland connaît la même situation de stabilité que les Etats-Unis, les marchés considérant désormais l'ensemble économique que forme la zone euro et non ses composantes.

Plus étonnant, cette stabilité bénéficie aussi aux autres Etats membres de l’Union, ceux qui n’ont pas encore adopté la monnaie unique. On vient d’en avoir la démonstration avec les émeutes en

Hongrie

qui n’ont eu aucun effet sur le forint. De même, la longue crise politique que traverse la

République Tchèque

(le gouvernement formé par l’ODS –droite- n’a pas obtenu hier la confiance du Parlement, ce qui va entraîner de nouvelles élections après celles du mois de juin) n’a pas affecté la valeur de la couronne. Pourquoi ? Parce que les marchés savent que ces pays, pour rejoindre l’euro, devront de toutes les façons mettre de l’ordre dans leurs finances publiques et lutter contre l’inflation. Même si le mouvement s’interrompt quelque temps, comme cela a été le cas en Hongrie ces dernières années, il reprendra tôt ou tard.

Autrement dit, l'euro diffuse de la confiance. Pas mal pour une monnaie qui n'a que huit ans d'existence.

(photo: AP)