Les couteaux sont tirés au sein de la Commission. La Luxembourgeoise,
[ Viviane Reding ]
(photo), la
Commissaire chargé des télécommunications, a répliqué aujourd’hui à son collègue Günter Verheugen, toujours dans la Süddeutsche Zeitung :
« je suis étonné que Verheugen parle de ses difficultés avec son équipe en public de cette manière »
. Pour elle, les fonctionnaires européens sont
« excellents, des experts bien formés, les meilleurs d’Europe »
et
«
il va sans dire qu’ils ont souvent leurs opinions propres et j’apprécie cela (…) Nous pouvons toujours avoir des controverses avec nos fonctionnaires. Toutefois, dans mon département, nous les résolvons toujours en interne »
. Autrement dit, son collègue est incapable de tenir son administration et en est réduit à se plaindre dans les journaux... Reding ne pourra en tout cas pas être accusée de ne pas savoir de quoi elle parle puisqu’elle est en poste depuis 1999, tout comme Verheugen.
La commissaire luxembourgeoise ne pouvait pas laisser passer cette occasion de se payer son collègue allemand : elle n'a toujours pas digéré de devoir revoir à la baisse ses ambitions, cet été, en matière de « roaming » ou « frais d'itinérance ». Alors qu'elle voulait aligner le prix des appels passés (ou reçus) d'un portable à partir d'un pays européen autre que celui où l'on est abonné sur le prix des appels locaux, elle a dû se résoudre à une simple limitation à la suite des pressions de l'industrie des télécoms relayées par Verheugen.
Mais, au-delà, on peut noter que c'est la première fois que des commissaires s'écharpent ainsi publiquement sur la qualité de l'administration communautaire. Cette algarade montre que, manifestement, la communication en interne fonctionne mal : s'il doit y avoir un tel débat, pourquoi ne pas l'avoir au sein du collège ? Le porte-parole du Président, José Manuel Durao Barroso, Johannes Laitenberger, ne trouve rien à y redire. Il n'a pas hésité à apporter son soutien à Verheugen, jeudi : « <em>c'est le signe qu'il se passe quelque chose à la Commission et ça c'est un signe positif »</em>. Ces « <em>tensions créatives »</em> sont <em>« tout à fait normales »</em> quand «<em> des changements sont nécessaires et que certains doivent donner l'impulsion alors que d'autres doivent s'adapter »</em>. Une allusion directe à la volonté de l'actuelle Commission de <em>«moins légiférer»</em>, ce qui fait la joie des entreprises, moins celle de fonctionnaires habitués à réglementer, pour le meilleur ou pour le pire.