Les débats sur ce blog ont souvent tourné autour du sens du rejet du projet de Constitution européenne par les Français le 29 mai 2005. Le « non » de gauche, mais aussi une partie du « non » de droite, a prétendu qu’il fallait y voir un refus de l’économie de marché (la fameuse partie III) ou encore du « libéralisme. Après la désignation triomphale, jeudi, de
Ségolène Royal
par les adhérents socialistes et la claque magistrale reçu par Laurent Fabius (qui termine derrière le social-démocrate Dominique Strauss-Kahn !), le doute n’est plus permis. E
n prenant le parti par la droite, alors que Fabius a tenté de le prendre par la gauche, en appliquant besogneusement les leçons de son maître, François Mitterrand, Royal a clairement montré que le PS n’était absolument pas prêt à remettre en cause le système économique actuel qui, dans ses grandes lignes, fait l’objet d’un consensus.
Il reflète en cela la société française qui plébiscite aussi Ségolène Royal. La défaite est sévère pour les « nonistes » de gauche, en particulier socialistes, qui voient leur champion sévèrement désavoué. A droite, les jeux sont aussi fait : ni François Bayrou, pour l'UDF, ni Nicolas Sarkozy, pour l'UMP, qui ont appelé à voté pour la Constitution européenne, ne sont évidemment pour une remise en cause de l'économie de marché dont les principes sont codifiés dans la fameuse partie III. Autrement dit, le prochain Président français, loin des fantasmes du « non » de gauche, sera forcément un partisan du « oui » à la Constitution et ne sera surtout pas un « révolutionnaire ». On peut même constater que la société française n'a jamais été aussi à droite, Royal ayant largement abandonné la vulgate socialiste française…
Le « non » de gauche se retrouve ainsi marginalisé au sein du PS et éclaté entre
ses différentes composantes incapables de s’entendre sur un candidat unique et surtout sur un programme qui pourrait, le cas échéant, servir de base à une rénégociation du traité constitutionnel. Bref, il se confirme ce que les sondages d’opinions ont déjà largement révélé : le « non » à la Constitution était multiforme et n’était pas, en tout cas, une sorte de « mai 68 » économique rampant. Juste un ras-le-bol (justifié d’un point de vue intérieur) dont l’Europe a été victime. Voter « non » a été perçu sans risque immédiat ce qui n’est évidemment pas le cas de l’élection d’un Président de la République.