Qui a dit : « la pensée unique a changé de camp. Elle est devenue populiste, économiquement laxiste, antieuropéenne. Nous sommes désormais des francs-tireurs, des marginaux » ? Ou encore : « les tenants de la pensée unique, dont je serai éternellement, sont sur la défensive car le créneau politique dominant consiste à aller conquérir des voix marginales sur une tonalité populiste. Chaque candidat apporte son obole au point qu'on en arrive au paradoxe de voir François Bayrou, l'héritier de la démocratie-chrétienne centriste, inventer un populisme qui serait, paraît-il, centriste ». Allez, j'abrège vos affres : il s'agit d'Alain Minc, énarque, président du conseil de surveillance du Monde, conseiller de nombreux patrons et, comme il le note lui-même avec humour, « tenant de la pensée unique ».
On peut penser ce que l’on veut du personnage et je sais qu’en le citant je vais confirmer les soupçons
de ceux qui, parmi vous, voient en moi un horrible «libéral» tenant de la «pensée unique». Mais son analyse de la société française, dans l’entretien qu’il a accordé aux Echos (
[ publié ]
aujourd’hui), est intéressante et, en ce qui concerne la «nouvelle pensée unique», tout à fait juste. L’exemple qu’il a choisi est d’ailleurs révélateur. Avez-vous entendu
François Bayrou
sur l’Europe depuis quelques mois ? Savez-vous ce qu’il propose pour relancer la machine ? A-t-il crié halte-au-feu depuis que la classe politique se déchaîne contre l’euro, devenu le bouc émissaire de nos difficultés ? Non, trop de coups à prendre. Il vaut mieux caresser l’opinion dans le sens du poil. Or celle-ci, depuis le référendum du 29 mai 2005, est supposée être antieuropéenne.
(photo: François Bayrou lors de l’Université d’été de l’UDF, en septembre 2006)