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Blog «Coulisses de Bruxelles»

L’Ecosse, 28ème Etat membre de l’Union ?

Et si l’Ecosse redevenait indépendante ? L’hypothèse, alors que la Grande-Bretagne vient de célébrer le tricentenaire de l’acte d’Union anglo-écossais du 16 janvier 1707, ne fait plus rire personne outre-Manche. Le 3 mai prochain, il est, en effet, fort probable que le Scottish National Party (SNP), un parti indépendantiste soutenu par l’acteur Sean Connery (photo), allié aux Verts, emporte les élections régionales au détriment des travaillistes. Si c’est le cas, ses dirigeants ont promis d’org
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publié le 21 janvier 2007 à 20h08
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h15)

Et si

redevenait indépendante ? L’hypothèse, alors que la Grande-Bretagne vient de célébrer le tricentenaire de l’acte d’Union anglo-écossais du 16 janvier 1707, ne fait plus rire personne outre-Manche. Le 3 mai prochain, il est, en effet, fort probable que le Scottish National Party (SNP),

un parti indépendantiste soutenu par l’acteur Sean Connery (photo), allié aux Verts, emporte les élections régionales au détriment des travaillistes. Si c’est le cas, ses dirigeants ont promis d’

organiser dans les cent jours un référendum d’autodétermination.

Pour l'instant, les sondages sont contradictoires : l'un donne une majorité aux indépendantistes (52%) pendant qu'un autre porte les unionistes à 56%. Mais Tony Blair, lui-même né en Ecosse d'une mère irlandaise et d'un père anglais, juge la situation sérieuse : mardi, dans un discours, le Premier ministre a jugé que l'indépendance serait un « désastre pour l'économie et la sécurité de l'Ecosse » et qu'il « serait incroyablement régressif et réactionnaire de démanteler l'Union maintenant ».

Ajoutons que ce serait surtout un désastre pour le parti travailliste dont la majorité au Parlement de Westminster dépend des élus écossais. Si l'Ecosse déclarait son indépendance, non seulement le successeur désigné de Blair, l'Ecossais Gordon Brown perdrait immédiatement son siège de député et donc son poste de Premier ministre (il faut être élu pour être Premier ministre dans cette grande démocratie), mais le parti travailliste serait renvoyé dans l'opposition pour longtemps…

C’est aussi pour cela que Blair refuse un Parlement anglais distinct de celui de Westminster qui serait

automatiquement dominé par les conservateurs : en effet, si, depuis la « dévolution » de 1998, les Anglais n’ont plus leur mot à dire sur les lois écossaises, il n’en va de même pour l’Angleterre qui, elle, ne bénéficie pas d’un statut d’autonomie : les députés écossais de Westminster votent les lois destinées à s’appliquer à la seule Angleterre. Des voix de plus en plus nombreuses jugent cette situation choquante.

La question de l’indépendance de l’Ecosse intéresse au premier chef l’Union européenne.

En effet, ce tout nouveau pays devrait-il négocier son adhésion à l’Union ou deviendrait-il automatiquement le vingt-huitième Etat membre? A la Commission, on estime que l’Ecosse devrait déposer une demande en bonne et due forme. Il est en effet fort probable que l’Angleterre obtiendrait d’être le continuateur, sur le plan international, de la Grande-Bretagne : Londres hériterait donc du statut d’Etat membre ou encore garderait son siège de membre permanent du

Conseil de sécurité de l’ONU. Mais il y a un précédent en sens inverse : la République Tchèque et la Slovaquie ont du renégocier leur adhésion au Conseil de l’Europe dont ils sont devenus membres en juin 1993.

La crainte, à Bruxelles, est qu’une indépendance de l’Ecosse ne donne des idées à d’autres régions d’Europe : la Flandre, d’abord, mais aussi le pays Basque espagnol, la Catalogne, le nord de l’Italie, etc. Même la France ne serait pas à l’abri d’un tel mouvement: après tout l’Etat nation, dans ses limites modernes, est tout aussi récent que la nation Britannique… De là à imaginer une Union à cinquante Etats membres...