Alain Lamassoure, député européen UMP, et proche conseiller de Nicolas Sarkozy sur les questions européennes, réagit à mon post sur le «coming out eurosceptique de Nicolas Sarkozy».
«J’ai trop d’estime pour le travail de Jean Quatremer pour ne pas réagir à son édito
gentiment polémique.
1) – Un « coming out » ? Parlons-en ! Se révéler eurosceptique par rapport à l’Europe communautaire était la pensée unique dans la famille gaulliste. Ce qui est remarquable dans le discours de Strasbourg, c’est la partie que JQ s’est gardé de citer, dans laquelle il se dit fils spirituel de Jean Monnet et Robert Schuman : quel autre dirigeant d’origine gaulliste l’avait revendiqué auparavant, et avait osé l’avouer ? (Citations : »Je veux rendre hommage à Jean Monnet, qui le premier fit entrer le rêve européen dans la réalité en scellant la réconciliation franco-allemande autour du charbon et de l’acier. Il dort au Panthéon où François Mitterrand l’accueillit par ces mots : « L’Europe restera, quoi qu’il advienne, celle de Jean Monnet ».« »Je veux rendre hommage à Robert Schuman, cet homme de la frontière comme il se définissait lui-même. Cet Européen qui avait trois patries et qui choisit d’être Français sentit le premier que Monnet avait raison. Lui qui vivait depuis l’enfance l’antagonisme franco-allemand comme une déchirure de tout son être mit dans le combat européen toute sa raison, tout son cœur, toute sa foi. Et sa foi souleva les montagnes.«).
<em>Les héritiers des pères fondateurs de la démocratie chrétienne ne s'y sont pas trompés, qui ont félicité Nicolas Sarkozy pour ses prises de position. Et le gardien vigilant de l'esprit communautaire, non impliqué dans le débat franco-français, Ferdinando Riccardi, éditorialiste de la très fédéraliste Agence Europe, lui a rendu un éloge unique dans son édito du 28 février (citations »Je n'ai pas souvenir d'un programme aussi précis et détaillé sur les affaires européennes dans une campagne électorale nationale.« »Et je ne cacherai évidemment pas que l'intérêt que j'attribue à l'initiative de M. Sarkozy n'est pas sans rapport avec la constatation que plusieurs orientations corre spondent en partie à des thèmes récurrents de cette rubrique, tels que: les objectifs hautement politiques que poursuivaient dès le départ, dans les années cinquante du siècle dernier, les « pères de l'Europe » lorsqu'ils avaient lancé la première communauté, et les hommes politiques qui ont poursuivi ensuite leur entreprise ; l'exigence d'une « identité européenne » qui ne soit pas diluée dans la mondialisation mais qui s'exprime notamment dans le principe de la « préférence communautaire » ; l'exigence vitale de sauvegarder l'agriculture européenne.«).<br/><br/>2) - Selon vous, Nicolas Sarkozy dégouterait les Français de l'Europe ? Si les dirigeants socialistes, ou même UDF, « dégoûtaient » autant leurs électeurs respectifs de l'Europe, le référendum n'aurait pas donné 56% de non, mais 84% de oui. Car, à la sortie des urnes, c'était la proportion des électeurs se réclamant proches du parti de Nicolas Sarkozy qui ont opté pour le « oui ». C'est sous sa présidence que l'UMP est devenu le parti français le plus européen.<br/><br/>3) - Sur la relance politique de l'Europe, vous savez parfaitement que les propositions qu'il a faites dès le 8 septembre 2006 à Bruxelles ont été unanimement saluées dans les capitales européennes, et que l'idée du « traité simplifié » est désormais très largement partagée par nos partenaires. Aucun autre candidat n'a fait, à ce jour, de proposition crédible pour une relance efficace et rapide. Compléter le texte rejeté en mai 2005 par des protocoles, ou en réécrire des parties entières, en essayant de soumettre un nouveau projet constitutionnel aux Français et aux 26 autres Etats membres, c'est méconnaître le sentiment de nos partenaires, c'est être sûr de perdre plusieurs années de plus, et c'est courir le risque immense d'échouer de nouveau, en France même ou ailleurs, en mettant le sort de l'Europe entre les mains du peuple le plus eurosceptique, ou le plus mécontent de ses dirigeants du moment».</em>