Menu
Libération
Blog «Coulisses de Bruxelles»

Fierté européenne (suite, bis)

Les organisateurs de ces premiers Etats généraux européens, qui ont eu lieu, samedi, au Palais des congrès de Lille, étaient sur un petit nuage : environ 2000 personnes se sont pressés tout au long de la journée pour assisté à cet événement. Guillaume Klossa, le président d’Europa Nova, l’une des associations organisatrices avec le Mouvement européen France et la fondation Notre Europe, n’a pas hésité à estimer qu’entre 3500 et 4000 personnes étaient passées à un moment ou à un autre. Là, j’ai c
DR
publié le 18 mars 2007 à 18h23
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h15)

Les organisateurs de ces premiers Etats généraux européens, qui ont eu lieu, samedi, au Palais des congrès de Lille, étaient sur un petit nuage : environ

2000 personnes

se sont pressés tout au long de la journée pour assisté à cet événement. Guillaume Klossa, le président d’Europa Nova, l’une des associations organisatrices avec le Mouvement européen France et la fondation Notre Europe, n’a pas hésité à estimer qu’entre 3500 et 4000 personnes étaient passées à un moment ou à un autre. Là, j’ai comme un doute. En tous les cas, il y avait du monde et surtout beaucoup de jeunes pour assister aux deux séances plénières et aux différents ateliers.

Pour lancer ces Etats généraux, Europanova et Profession politique ont commandé un sondage CSA (téléchargeable en intégralité sur le site de Fierté européenne d'où il ressort que 71% des Français se sentent fiers d'être Européens (43% souvent, 28% de temps en temps). La lecture des résultats indique que les moins fiers sont les communistes, les commerçants, les artisans et chefs d'entreprises les salariés du secteur publics et les moins diplômés. Mais cela reste relatif puisque dans toutes ces catégories, la fierté d'être européen est largement majoritaire. A la question : « vous sentez vous fier d'être Français », le taux passe à 91% (73% souvent et 18% de temps en temps), ce qui est normal. Le plus intéressant est que le sentiment d'appartenance européenne n'est somme toute plus si éloigné du sentiment d'appartenance à une communauté nationale.

Ce qui est un peu plus sidérant est le jugement que portent les sondés sur les personnalités françaises qui ont le plus contribué à la construction communautaire : Charles de Gaulle, qui a pourtant provoqué la plus grave crise européenne en 1965 avec la crise de la chaise vide, se retrouve à égalité avec François Mitterrand (32%). L'extrême gauche vote même à 34% pour le grand Charles alors que la gauche parlementaire ne lui accorde que 23% de ses suffrages. Et il fait un tabac chez les 18-24 ans, avec 49%... Si, logiquement, Jacques Delors est cité par 24% des sondés, Jacques Chirac (19%), c'est un comble, précède Valéry Giscard d'Estaing (14%), Jean Monnet (11%) et Robert Schuman (10%)… C'est à se demander si les Français connaissent leur histoire. Le succès de de Gaulle renvoie plus au souvenir mythique des « trente glorieuse » qu'à autre chose. Durant la campagne référendaire j'avais été frappé par le fait que les militants « antilibéraux » citaient souvent le gaullisme en exemple de ce qu'il fallait faire…

Comme j’ai d’abord présidé un atelier (au titre assez étrange : « Une union d’Etats et deImgp0152_2 peuple : vers un nouveau fédéralisme ?») avant de participer à un autre (sur la liberté de la presse et sur la difficulté d’informer sur l’Europe), je peux difficilement rendre compte de ce qui s’est passé. On ne peut être à la fois acteur et spectateur, il faut choisir. Un compte-rendu exhaustif sera publié prochainement sur le site des associations.

Je voudrais simplement soumettre à votre réflexion une idée formulée par Toger Seidenfaden, le rédacteur en chef du journal danois Politiken, dans l'atelier que je présidais. Il propose que les futurs traités soient négociés par des représentants élus dans chaque pays et non, comme actuellement, par les gouvernements. Mais attention : chaque pays n'aurait qu'une voix et une seule lors des Conférences intergouvernementales (CIG). Simplement, les négociateurs élus de chaque pays (chaque Etat déciderait de leur nombre)  devraient se mettre préalablement d'accord pour accepter ou refuser un compromis sur  tel ou tel sujet. Ils voteraient au sein de la délégation en cas de besoin. Comme cela, l'éventuel veto d'un pays interviendrait en amont et non en aval, comme cela s'est passé avec le traité  constitutionnel. Si les délégations nationales parviennent à un accord unanime, le nouveau traité n'aurait donc pas à être soumis à un référendum puisqu'il aurait été négocié par une Constituante élue (bien que décidant à l'unanimité des délégations nationales) : une ratification parlementaire suffirait. Une idée que je trouve particulièrement novatrice. Qu'en pensez-vous ?