Hier, dans
[ Libération ]
, Ségolène Royal a expliqué sa conception de la nation qui ne peut en aucun cas, dit-elle, être confondu avec le nationalisme.
<em> « Je suis une Européenne résolue. Je suis partisane d'une France ouverte au monde, internationaliste et généreuse et je considère que la Nation a un autre nom qui est celui de la République. La Nation telle que je la conçois ne demande pas aux gens d'où ils viennent, mais où ils veulent aller ensemble. Elle n'est pas fondée sur les racines, l'ethnie, que sais-je, mais sur une idée. (…) Il faut donner une réassurance sur l'identité nationale, qui a besoin d'être consolidée au moment où les Français s'inquiètent de la dilution de la Nation dans la mondialisation »</em>.
Admettons. Mais cette réaffirmation passe-t-elle par la Marseillaise et le drapeau bleu-blanc-rouge ? En outre, Ségolène Royal établit une curieuse équivalence entre nation et République, ce qui n’est pas précisément la même chose : la nation existe indépendamment du régime politique. Ou alors il faut considérer que la Nation a disparu durant l’Occupation…Enfin, il faudrait faire la démonstration que nation et nationalisme ne rime pas. L’histoire et le présent montrent le contraire.
Le même jour, mais dans le Figaro, François Bayrou donnait son sentiment sur cette course à l'échalotte identitaire.
« Dans l’Histoire de France, on n’a jamais cédé à l’exaltation de la nation, y compris le
général de Gaulle. Je ne participerai pas à cette course-poursuite dans laquelle sont lancés Le Pen, Royal et Sarkozy (…) Jamais en France il n’y a eu cette obsession du drapeau. Cela, c’est la culture américaine. Ce n’est pas l’État qui doit régir le lien entre le citoyen et la nation. Quand l’État se mêle de la nation, il y a quelque chose de pernicieux. C’est comme si on voulait régir les liens que l’on doit avoir avec sa mère. Chacun honore ou aime sa mère comme il l’entend, chacun aime sa patrie comme il l’entend. Cela fait partie de la liberté. (…) Ce n’est pas la nation qui est le problème. Mais la nation a des problèmes, chômage, éducation, culture, exclusion ».
Cette conception du rapport à la nation me paraît nettement plus saine que celle véhiculée par Ségolène Royal et surtout Nicolas Sarkozy. Le candidat centriste tacle d'ailleurs sévèrement, toujours dans Le Figaro, la proposition de ce dernier de créer un ministère de l'immigration et de l'identité nationale : « Quand on met dans la même phrase immigration et identité nationale, on dit quelque chose de très précis pour exciter l'inquiétude d'une partie de la population sur le thème « mon identité est menacée ». Jouer sur cette peur, c'est rendre plus difficile l'intégration ». Je sens que l'on va m'accuser de rouler pour Bayrou...
(photo de François Bayrou: Thierry Monasse)