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Interview

«La France était un royaume comme les autres, où les filles pouvaient hériter...»

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L'universitaire Eliane Viennot revient sur la mise à l'écart des femmes au Moyen Age. Et la réécriture de l'Histoire par les clercs, inventeurs notamment de la fameuse Loi salique, censée régir les successions au trône.
publié le 10 avril 2007 à 7h08
(mis à jour le 10 avril 2007 à 7h08)

Qui se souvient d'Amalaswinthe qui, au VIe siècle, régna sur l'Italie ? De la guerre que se livrèrent Frédégonde et Brunehilde pour le contrôle du Royaume franc ? De toutes ces reines mérovingiennes, carolingiennes, ottoniennes, qui gouvernèrent l'Occident ? Il fut un temps où les femmes partageaient le pouvoir et les responsabilités avec les hommes. Une réalité longtemps occultée, comme le décrypte l'historienne Eliane Viennot dans son livre la France, les femmes et le pouvoir. L'invention de la Loi salique (Perrin, 2006). Entretien.

Vos travaux montrent qu'entre le VIe et le XVIIe siècle de nombreuses femmes dirigèrent le pays...

En effet, il y a eu pendant longtemps des femmes au pouvoir. Cela commence à la première génération des rois francs, avec Clotilde, qui a dû régner une quinzaine d'années entre la mort de Clovis et l'entrée en scène de ses fils. Deux générations plus tard, on croise des femmes à la tête de parties du «Regnum» : Brunehilde et Frédégonde. Et puis c'est Nanthilde, la veuve de Dagobert, et puis Bathilde, l'épouse de Clovis II... En cas d'absence ou de déficience du roi, l'équipe au pouvoir n'hésitait pas à soutenir la reine, quel que soit son statut. A chaque succession, d'ailleurs, on observe des guerres entre héritiers et les reines sont liquidées au même titre que les rois. Dans l'empire d'Orient également, jusqu'au XIIe siècle, les femmes jouent un rôle de premier plan.

A côté des reines, on rencontre aussi des abbes