Actualisé à 1 heures du matin.
C’est
un vrai nationaliste flamand qui va sans doute diriger la Belgique au
cours des quatre prochaines
années : les élections législatives, qui
ont eu lieu hier outre-Quiévrain, ont en effet clairement désigné un
vainqueur, le CD&V, les chrétiens-démocrates flamands, d’Yves
Leterme, l’actuel ministre-président de la région flamande (photo, en juillet 2006). Ce parti, qui exige
la mise en place d’une simple confédération entre le nord du pays,
néerlandophone, et le sud, francophone, a obtenu 30% des voix en Flandre, une région qui rassemble 60% de
la population belge. C’est lui qui avait affirmé à Libération en août
dernier que «la Belgique n’est pas une valeur en soi»… La formation d’un gouvernement s’annonce donc difficile, les partis francophones refusant toute nouvelle «réforme de l’Etat», un euphémisme flamand désignant le dépouillement de l’Etat fédéral au profit des régions.
L’éloignement politique entre néerlandophones et francophones a désormais rejoint la séparation culturelle. Ainsi, en Flandre, la gauche a quasiment été rayée de la carte. Le second parti reste, en effet, le Vlaams Belang, un parti d’extrême-droite séparatiste et raciste, qui progresse encore à plus de 20%.Puis viennent les libéraux (VLD) du Premier ministre sortant, Guy Verhofstadt, qui dirigeait le pays depuis 1999 : à 19%, il perd 5,5 points. Les socialistes, associés à la coalition sortante, s’effondrent à 17%, perdant plus de 7 points. Puis viennent les écologistes (6,45%) et la liste populiste et nationaliste de Jean-Marie Dedecker (6,71%). Bref, la gauche, en Flandre, dépasse Les 20% des voix.
Au sud, rien de tel, même si les libéraux du MR parviennent à détrôner le PS d’Elio di Rupo (avec lequel ils gouvernent la Belgique depuis 1999) en devenant de justesse le premier parti de Wallonie (et restent en tête à Bruxelles). Le PS, ébranlé par de nombreux scandales financiers, passe de 36% à 29,83% par rapport aux élections de 2003. Les écologistes profitent de cette désaffection qui frappe les socialistes : ils font une belle remontée, à 12,89%. Quant au CDH (ex
sociaux-chrétiens, proche idéologiquement du Modem de François Bayrou), il stagne à 15,75% des voix. Enfin, le Front national ne fait pas la percée espérée en plafonnant à 5,58%. Néanmoins, il parvient à décrocher un élu. Bref, en dépit du recul socialiste, la gauche reste bien implantée au sud du pays, sans compter que le CDH est bien moins à droite que son homologue du nord du pays. Dans un tel paysage, la formation d’une coalition ne s’annonce pas évidente. Il faudra sans doute entre deux et quatre mois pour parvenir à la former.
Si Yves Leterme veut obtenir sa réforme de l’Etat, il faut qu’il
puisse réunir autour de lui deux tiers des voix de la chambre des
députés et ce, dans chaque collège (francophone et néerlandophone). Autrement dit, une alliance tripartite CD&V, VLD et parti
socialiste semble s’imposer, les partis démocratiques ayant jusqu’à
présent exclu de gouverner avec le Vlaams Belang. Au sud, les
socialistes pourraient s’allier avec les écologistes et, comme cela
s’est vu par le passé, avec le CDH. Ou alors, autre configuration
possible, les libéraux du MR pourraient s’entendre avec le CDH et les
écologistes, renvoyant ainsi les socialistes dans l’opposition. Une telle coalition asymétrique entre le nord et le sud serait, si
elle voit le jour, une première dans l’histoire du pays. Les électeurs
ont parlé, place désormais aux manœuvres d’appareils, rançon du scrutin
à la proportionnelle (à la plus forte moyenne). intégrale…
Les résultats définitifs peuvent être consultés ici.