Vendredi 16 heures: depuis quelques minutes, des rumeurs de compromis circulent dans la salle de presse. C’est cela l’inconvénient du retour à la diplomatie secrète: il faut se contenter de «on dit» et de rumeurs... Selon certains diplomates -anonymes comme il se doit- la Pologne aurait accepté le principe du vote à la double majorité au sein du Conseil des ministres. Mais les seuils auraient été revus: 55% des Etats demeurent nécessaires, mais il suffirait qu’ils représentent 63% de la population européenne contre 65% dans le projet de Constitution. Cela réduirait la possibilité pour l’Allemagne, le pays le plus peuplé, de bloquer en jouant sur le seuil de population puisqu’on passe de plus de 35% nécessaire à plus de 37%. De même, le nombre minimum de pays nécessaires pour atteindre ce pourcentage de population passerait de quatre à cinq, voir six. Ce qui, là aussi, diminue la place relative de l’Allemagne. Si tel est le cas, ce serait un beau geste de Berlin à l’égard de Varsovie.
Günter Verheugen, le vice-président de la Commission, avait d'ailleurs appelé ce matin, dans le quotidien Berliner Zeitung, ses compatriotes à montrer plus de compréhension pour les angoisses polonaises vis-à-vis de leur puissant voisin: «les élites politiques allemandes n'ont toujours pas compris combien la relation germano-polonaise est sensible». Il faut «plus que tout de la solidarité».
Un vent d'optimisme soufflait donc tout à l'heure dans les couloirs du Conseil européen. Romano Prodi, le Président du Conseil italien, se voit déjà à Rome pour le week-end. Les «sherpas» se réunissent à 17h30 pour examiner un nouveau projet rédigé par la présidence allemande de l'Union avant une nouvelle réunion plénière des «chefs». On n'est sans doute plus très loin d'un accord. A Varsovie, le Premier ministre Jaroslaw Kaczynski, réputé plus dur que son frère Lech, a déclaré tout à l'heure que le compromis était à portée de mains : «certaines de nos propositions ont déjà été acceptées, du moins par l'Allemagne. Le différend entre la Pologne et l'Allemagne n'est plus très grand. Il y a plutôt des problèmes avec les autres pays.» De fait, aux dernières nouvelles Tony Blair, le Premier ministre britannique, n'a pour l'instant pas fait beaucoup de concessions