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Libération
Blog «Coulisses de Bruxelles»

Les excuses d'Yves Leterme

A contre-cœur, le dirigeant flamant et futur Premier ministre de la Belgique, Yves Leterme, a dû se résoudre à présenter, hier soir, ses excuses après avoir confondu intentionnellement l’hymne national belge, « la Brabançonne », avec… « La Marseillaise ». L’homme, parfait bilingue, et qui passe ses vacances en France, ne pouvait que savoir ce qu’il faisait et c’est ainsi que cela a été compris dans le plat pays. Cette provocation a été très mal vécue par les francophones belges (Bruxelles et Wal
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publié le 24 juillet 2007 à 19h13
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h14)

A contre-cœur, le dirigeant flamant et futur Premier ministre de la Belgique, Yves Leterme, a dû se résoudre à présenter, hier soir, ses excuses après avoir

intentionnellement l’hymne national belge, « la Brabançonne », avec… « La Marseillaise ». L’homme, parfait bilingue, et qui passe ses vacances en France, ne pouvait que savoir ce qu’il faisait et c’est ainsi que cela a été compris dans le plat pays. Cette provocation a été très mal vécue par les francophones belges (Bruxelles et Wallonie) qui ont estimé qu’il manifestait ainsi son mépris à l’égard de la Belgique fédérale qu’il prétend pourtant diriger, mais aussi à leur égard (leur identité ne peut être que française, pas belge).

C'est la RTBF (la radio-télévision publique francophone) qui l'a piégé samedi 21 juillet : dans un reportage qui voulait montrer que les élites politiques ne connaissent pas les symboles de leur pays, Yves Leterme se montre d'abord incapable de dire pourquoi la fête nationale a lieu un 21 juillet. Surtout, alors que le journaliste lui demande de chanter « la Brabançonne », il lance rigolard : « allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé… ». Enfin, le reportage le montre téléphonant en plein Te Deum alors qu'il dirige le parti démocrate-chrétien flamand (CD&V)…

Le dimanche, il refuse de s’excuser :

« J’ai des choses bien plus importantes à faire que ces foutaises (“flauwekul”) »

, déclare-t-il à la télévision flamande. Puis, menaçant, il lance :

« Je crois qu’ils me cherchent. Celui qui me cherche le paiera tôt ou tard »

. Devant le tollé grandissant, lundi soir, lors d’une conférence de presse donnée au château de Val-Duchesse, le haut lieu de toutes les négociations gouvernementales en Belgique, il consent à reconnaître qu’il s’est

« trompé. J’ai commis une erreur. JeDsc02578_2 m’en excuse auprès de tous ceux que j’aurais choqué »

. Le journaliste de la RTBF qui l’a piégé, Christophe Deborsu, lui demande alors de répéter en français ses excuses, qu’il a faite en néerlandais :

« je l’ai dit en néerlandais, cela suffit »

. Ambiance.

Si le sud du pays a été particulièrement choqué par cette provocation de Leterme, il n'en est rien en Flandre (6 millions d'habitants sur les 10 que compte la Belgique). Ainsi, le Standaard, principal journal flamand, estime qu'il n'y a pas là matière à scandale : « la confusion entre les deux hymnes nationaux » est « de l'ordre de la bonne grosse blague belge » qui « révèle une part d'humanité ». Le quotidien reconnaît cependant que « dans aucun autre pays que le nôtre, un homme politique ne survivrait à une telle gaffe ». La Gazet van Antwerpen, elle, enfonce le clou : « Yves Leterme n'est pas un homme politique belge. C'est un homme politique flamand issu d'une formation flamande qui a remporté le 10 juin dernier une victoire éclatante ». Autrement dit, un Flamand n'est pas Belge. Les francophones sont prévenus…

(Photo: siège du gouvernement flamand à Bruxelles)