Le porte-parole de la Commission, Johannes Laitenberger, a prévenu l’Italie que l’exécutif
communautaire n’hésiterait pas à le poursuivre devant la Cour européenne de justice si le décret-loi facilitant les expulsions de ressortissants communautaires s’appliquait en réalité à un groupe national ou ethnique.
« Il ne peut y avoir de culpabilisation par association, il ne peut y avoir de discrimination »
, a-t-il martelé dans un langage particulièrement sévère de la part d’une Commission qui évite d’ordinaire l’affrontement avec les États membres. S’il a estimé que l’expulsion d’un citoyen communautaire était toujours possible en vertu de la directive d’avril 2004, il a rappelé que
« chaque décision devra être prise individuellement »
et que la Commission vérifiera la façon dont le décret-loi est appliqué sur le terrain…
En Italie même, ce texte fait grincer des dents au sein de la coalition de centre gauche : Cesari Salvi, de la Gauche démocratique, a accusé Romano Prodi, le Premier ministre, d'avoir adopté le discours populiste de Silvio Berlusconi. Refondation communiste, de son côté, dénonce une mesure « révoltante et fasciste ». À droite, en revanche, on est ravi et on se dit prêt à durcir le décret-loi lors de sa confirmation par le Parlement. Prodi risque donc de sauver son texte grâce aux voix de la droite, ce qui risquerait d'achever sa coalition déjà branlante.
Sur le front diplomatique, le président roumain, Traian Basescu, a pris la défense de ses citoyens en accusant le gouvernement Prodi de faire le jeu du racisme : « les mesures improvisées qui suscitent la peur et réveillent la haine peuvent être injustes et avoir d'autres effets que ceux espérés ». Prodi a immédiatement annoncé qu'il rencontrerait le Premier ministre roumain, Calin Tariceanu dans les prochains jours : « il n'y a pas de friction diplomatique (…) nous devons résoudre les problèmes par la coopération entre os deux pays, mais nous devons les résoudre ».
La seule bonne nouvelle de cette affaire est qu’elle rappelle une nouvelle fois aux Etats membres que, dans l’Union européenne, il n’y a plus d’affaires purement intérieures. Cela, Prodi l’avait manifestement oublié.