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Blog «Les 400 culs»

Do Not Masturb

Dans une chambre de l’hôtel La Louisiane, à Saint-Germain des Prés, Richard Leydier organise une petite exposition «cul» qui réunit 5 artistes connus pour leurs masturbations visuelles et leurs coïts colorés… «Cela s’intitule très finement «do not masturb». Quinze autres chambres sont investies par d’autres artistes, mais pas forcément sur la même thématique (sexe). Si cela vous amuse, c’est chambre 33 au 60, rue de Seine.» Imaginez une chambre d’hôtel après le passage d’une bourrasque torride
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publié le 19 décembre 2007 à 15h08
(mis à jour le 21 janvier 2015 à 16h14)

Dans une chambre de l'hôtel La Louisiane, à Saint-Germain des Prés, Richard Leydier organise une petite exposition «cul» qui réunit 5 artistes connus pour leurs masturbations visuelles et leurs coïts colorés… «Cela s'intitule très finement «do not masturb». Quinze autres chambres sont investies par d'autres artistes, mais pas forcément sur la même thématique (sexe). Si cela vous amuse, c'est chambre 33 au 60, rue de Seine.»

Imaginez une chambre d’hôtel après le passage d’une bourrasque torride : le lit est en désordre, la salle de bain garde les traces visibles d’une débauche et près du miroir il semble que deux occupants soient encore occupés à forniquer, sous un drap qui les recouvre… Cette chambre est une œuvre d’art, à visiter le plus vite possible, entre aujourd’hui mercredi et demain jeudi (jusqu’à 17h30).

En voici la présentation, par son maître d'œuvre, Richard Leydier : «Il y a un grand tableau de Stéphane Pencréac'h qui est une réinterprétation de l'Olympia de Manet. Stéphane a réalisé un collage de photos pornos scannées, imprimées sur toile et repeintes. Au point de jonction entre les corps imbriqués de deux femmes et un homme, un petit chat noir vient mettre un coup de langue. Lamia Ziadé présente des dessins érotiques (dont une masturbation en gros plan). De Natacha Merritt, il y a une photo de la série Digital Diary (son journal de bord sexuel, publié aux éditions Taschen, ndlr).

De Vuk Vidor, on trouve deux tableaux faits à partir d’images pornographiques glanées sur le web.  De Kristian Von Hornsleth, il y a une vidéo : l’artiste a engagé trois acteurs de X. Il leur a peint le corps de son nom, et tandis qu’ils copulent, les acteurs répètent inlassablement son patronyme à travers leurs râles. C’est très drôle. Il faut savoir que l’artiste utilise son nom dans toutes ses œuvres, et qu’il décline divers slogans comme «fuck you art lovers» et «there’s no product, there’s only marketing».

A part ça, les artistes ont utilisé aussi les moyens du bord, c’est-à-dire ce qui était à leur disposition dans la chambre pour ajouter un petit plus : Stéphane et Lamia ont utilisé chaises, couvertures et oreillers pour simuler sous la couverture la forme d’un couple qui baise. Tandis que Stéphane et Vuk, pendant que j’avais le dos tourné, ont complètement relooké la chambre : inscriptions sur les murs et au plafond «Mothers... and daughters too», «Smack my bitch up».

La salle de bain est plus cinématographique : sang sur les murs et au sol, liasses de (faux) billets de 500 dollars dispersées un peu partout, miroir décroché et utilisé pour étirer d'immenses lignes de cocaïne... ils ont poussé à fond les clichés.
Voilà, la chambre s'intitule «do not masturb». C'est littéral, cela veut aussi dire, dans un monde de l'art qui évacue le plaisir, que parfois, c'est agréable de ne pas «se prendre la tête». C'est percutant, c'est ce que nous voulions.
»

Quatorze autres chambres ont été investies par des artistes. Ils ont eu un mois et carte blanche pour imaginer, monter et installer l'exposition de leur choix. Richard Leydier n'est pas le seul à avoir imaginé des orgies : «Dans d'autres chambres, il y a ce très joli film de Camille Henrot qui reprend des scènes de films porno des années 70 (je crois) tout en les masquant par un travail graphique sur la pellicule, une vidéo où des artistes russes (?) rejouent le Déjeuner sur l'herbe sur un mode «film porno des pays de l'Est», il y a une chambre avec une tonalité plus «fétichiste» (mais plutôt soft, on est loin de Maria Beatty), et puis il y a ma chambre, plutôt explicite et cinématographique —pour tout vous dire, on s'est bien amusés...»
A savoir : L'Hôtel La Louisiane n'en n'est pas à son premier relooking avec cette drôle d'exposition («Curating Contest»). C'est un hôtel qui revendique ses affinités avec les excentriques et les artistes (Quentin Tarantino y aurait écrit Pulp Fiction ?). Tout le troisième étage a donc été réservé à ce «petit jeu pour amis de l'art contemporain», chacun ayant pour but de «réunir de jeunes artistes émergents, défendre de nouveaux projets et exprimer sa singularité dans une création à chaud».

Hôtel La Louisiane, 60 rue de Seine, 75006 Paris. Tél. : 01 44 32 17 17
Chambre 33 : "Do Not Masturb" avec Natacha Merritt, Lamia Ziadé, Stéphane Pencréac'h, Vuk Vidor et Kristian Von Hornsleth.

Du 12 au 20 décembre 2007
Horaires d'ouverture : tous les jours de 15h à 20h et sur rendez-vous.