L’avant-projet de loi sur la réforme de la Constitution française, dévoilé aujourd’hui, prévoit bien de supprimer l’obligation, pour le Président de la République, de consulter les citoyens sur toutes les futures adhésions à l’Union (hormis la Croatie). Vous avez été les premiers, sur ce
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, à apprendre que Nicolas Sarkozy en avait fait l’une de ses priorités. Cette innovation, introduite par Jacques Chirac en 2005 pour éviter que le débat référendaire sur la Constitution européenne soit parasité par la question turque, était considérée comme une bombe à retardement.
En effet, au lieu de laisser le choix au Président de la République entre la procédure référendaire ou la voie parlementaire, elle revenait à lui lier les mains. Surtout, c’était prendre le risque de voir les Français claquer la porte de l’Union à des pays qui avaient négocié durant de longues années et adapté profondément leur système politique et économique aux normes européennes. On imagine sans peine les conséquences diplomatiques pour la France, montrée du doigt par le monde entier, ainsi que les dérapages probables d’une campagne portant sur l’adhésion de l’Albanie, de la Serbie,
de la Bosnie, de la Macédoine ou encore de la Turquie. Les relents xénophobes d’une partie des tenants du « non » lors du référendum de 2005 ont durablement marqué les mémoires : tout le monde se souvient du fameux « plombier polonais » devenu l’emblème du « dumping social » (au passage, on attend encore le déferlement de ces travailleurs bon marché…). Bref, cette réforme s’imposait pour rendre à la France sa capacité d’action diplomatique.
(En illustration, une affiche d’Attac datant de 2005 dont je ne me lasse pas: il suffira de remplacer slovaque par albanaise. J’en ai d’autres du même tonneau comme celle sur ces Polonais qui n’ont aucune protection et qui nous nuisent)