La Slovénie, qui a intégré la zone euro il y a tout juste un an, connaît un grave dérapage des prix : 5,7 % sur un an contre 3,1 % en moyenne dans la zone euro. Sa croissance (6 %) explique une partie de cette poussée inflationniste, tout comme sa plus grande exposition au prix du pétrole et des produits alimentaires non transformés, ou encore son bas taux de chômage (4%). Janez Jansa (photo: JQ), le Premier ministre de centre droit de ce pays de deux millions d’habitants qui préside l’Union européenne depuis le 1er janvier, a aussi admis que la concurrence dans les services restait largement insuffisante. Mais il n’a pu résister au plaisir de pointer les effets du passage à l’euro, un classique du genre.
Alors que la Commission européenne évalue la part de responsabilité de l'euro à 0,3 %, Jansa a affirmé ce matin, à Lubljana, devant la presse internationale (dont votre serviteur), qu'il estimait que la vérité était plus prés de 0,6 %. « À la fin de la période de double affichage des prix, en juillet dernier, spécialement les petits prix, comme celui du café, ont augmenté ». Je crois qu'il faut dire les choses autrement : ce n'est pas l'euro qui fait déraper les prix, ce sont les commerçants qui en profitent pour escroquer leurs clients au moment où ils perdent leurs points de repère. Nuance. C'est ce scénario qui s'est répété dans toute l'Union en 2002, notamment en Grèce et en Italie, et qui a donné l'impression que l'euro était inflationniste, ce qui est un non-sens économique. Pour éviter ces dérapages, il aurait fallu mettre en place un contrôle administratif des prix, comme le fait Chypre. Mais, en France, un certain Laurent Fabius, alors ministre des Finances, s'y était opposé. Il était alors dans sa période libérale.
Cela étant, même si on retient le chiffre de 0,6%, l’effet d’aubaine procuré par le passage à l’euro est loin d’être la raison principale de cette poussée de fièvre. La Slovénie va devoir ramener le calme sur les prix et les salaires si elle ne veut pas se faire taper sur les doigts. Comme le fait remarquer un observateur, ce pays a été capable, pour se qualifier pour l’euro, de ramener son inflation sous la moyenne communautaire (2,3% en 2006). De là à penser que les efforts se sont relâché dès le 1er janvier 2007, il n’y a qu’un pas que beaucoup franchissent à Bruxelles...