Feu sur
[ Henri Guaino ]
. Après Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire d’État aux affaires européennes, qui a
[ flingué ]
, le 25 janvier, le projet d’union euroméditerranéenne dont le très souverainiste « conseiller spécial » de Nicolas Sarkozy s’est fait le promoteur solitaire, c’est au tour du député européen UMP
Alain Lamassoure
de canonner. Il lui reproche de brouiller le message européen de la France par ses déclarations eurosceptiques comme, par exemple, ses attaques incessantes contre la Banque centrale européenne (BCE) ou la politique européenne de concurrence.
« Il y a un problème Henri Guaino »
, m’a affirmé tout à l’heure l’eurodéputé et ancien ministre des Affaires européennes (93-95).

Lors d’une rencontre avec des journalistes belges, la semaine dernière, il l’avait même décrit comme «
le fou du Roi, qui prétend être un esprit universel »
et qui
« a une très très haute opinion de sa personne »
. Rappelons que Guaino a été un anti-Maastrichien convaincu et qu’il a conseillé Philippe Séguin lors de la campagne référendaire de 1992. Il est aussi l’auteur des discours les plus nationalistes de Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle, lorsque l’actuel hôte de l’Élysée cherchait à récupérer les voix des électeurs du Front National, avec succès.
Valéry Giscard d'Estaing est exactement sur la même longueur d'onde qu'Alain Lamassoure : « nous assistons à un débat entre des souverainistes, influents auprès du pouvoir, et les partisans de la poursuite de la construction européenne (…) qui tiennent un langage plus conforme aux vues traditionnelles de la France », a ainsi expliqué l'ancien Président de la République dans un entretien accordé au Parisien daté du 1er février. Or, la France « ne peut pas envoyer de signaux contradictoires (…) et en même temps imaginer pouvoir conduire le convoi », lors de sa présidence de l'Union européenne qui débute le 1er juillet prochain.
Le député socialiste
Pierre Moscovici
, ancien député européen et ancien ministre des Affaires européennes (97-02), a dit les choses plus brutalement encore, le 31 janvier sur RMC :
« j’en ai ras le bol d’Henri Guaino. Franchement, je trouve insupportable que ce monsieur parle sans arrêt à tort et à travers de tout. Il faut arrêter ce genre de truc. On n’est pas dans la République des conseillers, nom de Dieu ! »
Bref, que Guaino se taise, tel est le message envoyé à l'Élysée. Au rythme où vont les déclarations de ce conseiller, il va réussir l'exploit de plomber la présidence française de l'Union avant même qu'elle ne commence…