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Libération
Blog «Coulisses de Bruxelles»

Sarkozy cède au lobby des taxis : mais que fait donc la BCE ?

Aujourd’hui, la Banque centrale européenne (BCE) se réunit à Francfort. Elle va sans doute maintenir ses taux d’intérêt inchangés, comme je l’explique aujourd’hui dans Libération (c’est officiel depuis 14 heures: la déclaration introductive de Jean-Claude Trichet est ici). Cette décision attendue ne manquera de déclencher l’habituelle vague de critiques en France. Car la pensée unique hexagonale (gauche et droite confondues) veut que la politique monétaire européenne – quand ce n’est pas l’inus
DR (REUTERS)
publié le 7 février 2008 à 13h54
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h14)

Aujourd’hui, la Banque centrale européenne (BCE) se réunit à Francfort. Elle va sans doute maintenir ses

taux d’intérêt inchangés, comme je

aujourd’hui dans Libération (c’est officiel depuis 14 heures: la déclaration introductive de Jean-Claude Trichet est

). Cette décision attendue ne manquera de déclencher l’habituelle vague de critiques en France. Car la pensée unique hexagonale (gauche et droite confondues) veut que la politique monétaire européenne – quand ce n’est pas l’inusable « Bruxelles » — soit responsable d’une grande partie des maux de la France : si les taux étaient plus bas, tout irait beaucoup mieux, dit la vox politicus (ils sont à 0,8 % en terme réel…). C’est une façon bien commode de se défausser sur cette méchante Europe de l’incapacité française à réformer son économie pour accroître son potentiel de croissance.

Nicolas Sarkozy, on allait voir ce qu’on allait voir, avait promis de réformer la France afin de lui permettre de renouer avec une croissance de 3 %. Après s’être cassé les dents sur la réforme des régimes spéciaux de retraite (une réforme en trompe-l’œil), il a capitulé, hier soir, en rase campagne face aux chauffeurs de taxi, pourtant peu soutenus par la population (photo: Reuters).

Le rapport Attali avait en effet proposé de libéraliser – dans des proportions raisonnables — cette profession qui jouit d’un régime digne des corporations d’ancien Régime : c’est le marché, sans les inconvénients du marché grâce à la protection de l’État. Comme vous le savez sans doute, il faut obtenir une licence des pouvoirs publics (que les taxis se revendent entre eux) pour exercer ce métier. Résultat de cette politique malthusienne : il y a moins de taxis à Paris qu’avant-guerre ! Ils sont aujourd’hui 15 500 contre 60.000  à New-York et 70.000 à Londres. Essayez d’en trouver un aux heures de pointe, le week-end ou après minuit, et on en reparlera. En outre, les tarifs sont souvent élevés, le prix maximum étant en réalité le prix appliqué à tous faute de concurrence.

L'ouverture à la concurrence aurait permis de créer des emplois et d'accroître l'offre (lire l'interview de Bernard Maris avec laquelle je suis parfaitement d'accord). Mais pourquoi changer un modèle qui bénéficie uniquement à ceux qui sont dans le système et qui ne satisfait absolument pas la demande ? On peut craindre que toutes les propositions du rapport Attali ne connaissent le même sort. Mais c'est la faute de la BCE.