Dès lundi soir, la Turquie, la Grande-Bretagne et la France, dans l’ordre, ont formellement établi des relations diplomatiques avec le nouvel État.

, a ainsi écrit Nicolas Sarkozy à son homologue kosovar, le Président Fatmir Sejdiu.
Au cours de la réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-sept, hier (photo: Bernard Kouchner par Thierry Monasse), les pays les plus réticents n'ont cependant pas levé leurs objections. Sauf, dans la soirée, la Bulgarie, « par solidarité avec nos partenaires de l'Union européenne ». Sofia, il faut le saluer, a donc accepté de jouer le jeu européen, à la différence de l'Espagne (contrainte sans doute aussi par son agenda électoral), de Chypre – soutenue par la Grèce —, de la Roumanie et de la Slovaquie, des pays comptant de fortes minorités nationales. L'Union est donc certes « divisée », mais les dégâts sont très limités, 22 États membres sur 27 ayant décidé de reconnaître le nouvel État et aucun ne s'opposant à son administration directe par Bruxelles (lire mon article dans Libération). Surtout, tous les grands, hormis Madrid, sont dans le même camp.
Évidemment, à Belgrade, on prend très mal la sécession de l'ancienne province serbe. Le Parlement de Belgrade a « annulé », lundi soir, à l'unanimité, la déclaration d'indépendance du Kosovo qui « viole la souveraineté et l'intégrité territoriale de la République de Serbie ». À l'ONU, toujours lundi, le président serbe Boris Tadic, tout juste réélu, a dénoncé « cette décision arbitraire » qui « causera un dommage irréparable à l'ordre international ». Appuyant là où cela fait mal, il a mis en garde les membres du Conseil de sécurité : « Il y a des dizaines d'autres Kosovo à travers le monde qui attendent que l'acte de sécession de celui-ci devienne réalité et établisse une norme acceptable ». « Je vous avertis très sérieusement du danger d'escalade de nombreux conflits existants, du réveil de conflits dormants et de l'instigation de nouveaux conflits ».
Le gouvernement serbe a, par mesure de rétorsion, rappelé ses ambassadeurs à Washington, Ankara, Paris et Londres. Un mouvement de mauvaise humeur qui ne devrait pas durer sauf, pour la Serbie, à jouer l'isolement total, la Russie n'étant pas une alternative crédible. Comme l'expliquait un diplomate européen, <em>« ces hurlements de douleur sont normaux : la Serbie est amputée d'une partie de son territoire et ça fait mal. Mais cela va se calmer et les choses rentreront dans l'ordre ».</em>