En ce quarantième anniversaire de mai 68, je reprends à mon compte en le modifiant un peu l’un des slogans phares de la période : « élections, pièges à cons ». En effet, le dernier sondage Eurobaromètre (
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) confirme, si besoin en était, l’ignorance abyssale des Français sur l’Europe, ce qui amène une nouvelle fois à s’interroger sur les raisons du rejet du projet de Constitution européenne en 2005.
Le sondage a été effectué à l'occasion du cinquantième anniversaire du Parlement européen (c'est aujourd'hui) et ne porte donc que sur cette institution. À la question : « le Parlement européen est-il directement élu par les citoyens européens », 41 % des Français répondent « vrai », 44 % « faux ». La France se classe à l'avant-dernière place européenne, juste devant la Lettonie (mais les Lettons ne sont que 32 % à répondre crânement « faux »)… Espérons que la question a été posée en anglais, ce qui expliquerait ce score lamentable. Pour rappel, le Parlement européen est élu au suffrage universel direct depuis 1979, à la suite d'une initiative de la France.
L’ignorance ne s’arrête pas là : 46 % Français sont persuadés que les députés européens siègent par nationalité et non par appartenance politique et 47 % que les députés votent en fonction de leur intérêt national. Les Français, mais pour le coup ils ne sont pas les seuls, pensent aussi que c’est le Parlement européen qui a le plus de pouvoirs parmi les institutions. Ils sous-estiment parallèlement gravement le pouvoir du Conseil des ministres qui, en réalité, tient les rênes de l’Union. Comment être surpris de cette méconnaissance ? Seulement 27 % des Français disent avoir lu, vu ou entendu récemment dans la presse ou sur internet quelque chose à propos du Parlement européen. Ce sont même les moins informés de l’ensemble de l’Union ! Ne s’agit-il pas plutôt d’un manque d’intérêt ?
On ose à peine imaginer ce qu’auraient été les réponses si on avait interrogé les Français sur l’ensemble
des institutions communautaires et sur les politiques menées par l’Union. Je pose donc la question sacrilège : sur quoi ont-ils voté en mai 2005 à l’issue d’une campagne que certains n’hésitent pas à qualifier « d’exemplaire » ? Manifestement pas sur le texte de la Constitution, comme le montre d’ailleurs l’ensemble des études d’opinions menées avant et après le scrutin.
Le caractère nuisible du référendum, instrument populiste s'il en est, a été administré par la Hongrie, dimanche dernier. À l'initiative du Fidesz, le parti conservateur et populiste de Viktor Orban, un référendum a été organisé sur les mesures d'économies décidées par le gouvernement socialiste de <a href="http://bruxelles.blogs.liberation.fr/2006/09/19/du_mensonge_en_/">Ferenc Gyurcsany</a> afin de ramener le déficit public à des proportions raisonnables (-9,2 % en 2006, -5,7 % en 2007). Hé bien, figurez-vous que 83 % des Hongrois (50,4 % ont pris part au scrutin, une participation élevée) ont rejeté l'instauration d'une franchise de 1,2 euro pour chaque consultation médicale et de frais d'inscription à l'université (400 euros). Étonnant, non ?
(Photo piquée sur le blog de stalker)