Je ne laisse pas de m’étonner devant le déni de réalité de bons nombres de Belges. Tout à l’heure, une libraire de Bruxelles, grande lectrice de livres devant l’éternel, m’a dit son étonnement en lisant mon article sur l’affaire de Liedekerke : « je ne savais pas tout cela », s’est-elle exclamée ! Ce n’est pas la première fois que je constate cet aveuglement : les Flamands les plus progressistes excusent ces discriminations à l’égard des francophones au nom de l’histoire, comme si une infamie passée justifiait une infamie présente, et les Francophones, eux, découvrent puis préfèrent aussitôt oublier la lutte linguistique engagée par les Flamands.
Pourtant, cette guéguerre devient chaque jour plus totale. Ainsi, la Libre Belgique a mis à jour un
nouveau
[ fait ]
qui, relié aux autres, dessine une carte de l’intolérance flamande qui fait froid dans le dos. Cela se passe à Overijse, une commune située en Flandre, mais juste aux portes de Bruxelles, qui est l’un des bastions flamingants les plus durs de Flandre. Le « collège communal », sous l’autorité du bourgmestre Dirk Brankaer, a décidé, le 10 mars, de supprimer l’inscription en français figurant sur une stèle bilingue placée sur le territoire de la commune commémorant l’exploit de deux pilotes belges – Léon Divoy et Michel Donnet - qui ont réussi, le 4 juillet 1941, à réparer un avion, à s’envoler du château de Ter Block alors occupé par les Allemands et à rejoindre la Grande-Bretagne, le tout au nez et à la barbe des nazis.
Régulièrement, l'inscription en français de cette stèle était barbouillée par des militants flamingants. Jusque-là, la commune la nettoyait. Cette fois, c'est terminé : Overijse va supprimer l'inscription en français pour ne laisser subsister que l'inscription en flamand, même si les deux aviateurs belges étaient tous deux francophones. Pour Overijse, la stèle est en Flandre et le français n'a absolument pas droit de cité. Le général baron Michel Donnet, l'un des deux héros belges, a réagi violemment. En vain, jusqu'à présent.
