Nicolas Sarkozy avait promis d’aller
«chercher la croissance avec les dents»
et de ramener les comptes publics français à l’équilibre à la fin de son mandat, en 2012. Dans les deux cas, c’est très très mal parti. Si l’on en croît les
[ Prévisions économiques de printemps ]
de la Commission européenne rendues publiques aujourd’hui, la croissance française ne dépassera pas 1,6 % du PIB cette année et 1,4 % l’année prochaine, contre 1,9 % en 2007, loin des prévisions gouvernementales. Résultats,
le déficit public plonge à -2,9 % du PIB cette année et à 3 % en 2009
,
ce qui fait de la France le plus mauvais élève de la zone euro
. Conséquence de cette gestion approximative: la dette publique s’emballe à nouveau: 64,2 % du PIB en 2007, 64,4 % en 2008 et 65,2 % en 2009. Bref, on ne voit donc plus comment le chef de l’Etat pourra présenter des comptes en ordre en 2012. Sauf, bien sûr, cure de rigueur et croissance à 3 % à partir de 2010…

Car si la Commission a, une nouvelle fois revue à la baisse ses prévisions de croissance pour l’ensemble des Etats membres (-0,5 % en moyenne par rapport aux prévisions de l’automne dernier), soit 2 % en 2008 (1,7 % pour la zone euro qui n’inclut pas les pays de l’est, dont la croissance demeure forte) et 1,8 % en 2009 (1,5 % pour la zone euro), les comptes publics ne se dégradent pas autant qu’en France et cela pour une raison simple: tout le monde a profité de la meilleure croissance de ces dernières années pour purger ses comptes. En moyenne, le déficit public de la zone euro sera de 1 % en 2008 et de 1,1 % en 2009 (contre 0,6% en 2007)…
Le cas de l’Allemagne est emblématique: elle a ramené son déficit public de 4% en 2003 à 0 % en 2007. Elle dispose donc d’une marge de gras pour affronter le ralentissement actuel dû à «la crise qui se prolonge sur les marchés financiers, au net ralentissement de l’activité aux Etats-Unis et à l’envolée des prix des produits de base», selon la Commission. Même l’Italie fait mieux que la France: si Silvio Berlusconi ne fait pas de bêtise, son déficit sera contenu à 2,3 % en 2008 et à 2,4 % en 2009.