La Flandre est décidément une grande incomprise. Elle va, selon toute vraisemblance, se faire à nouveau taper sur les doigts par le
–une organisation qui regroupe 47 pays européens - pour ne pas avoir nommé les bourgmestres (maires) francophones de trois communes majoritairement francophones de la périphérie bruxelloise, mais situées en Flandre (voir mon
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consacré à la question).
La mission envoyée par Strasbourg vient en effet d’achever une enquête de deux jours et le député français Michel Guégan (avec la barbe, photo Belga), accompagné d’un député serbe, a déclaré ce soir qu’il considérait que l’attitude de la région flamande était
« inacceptable »
.
« Qui pourrait mettre en cause le fait que ces bourgmestres ont été élus de façon démocratique ? », a jugé Michel Guégan. Réponse : Marino Keulen, le ministre flamand chargé des affaires intérieures, qui leur reproche d'avoir envoyé des convocations en français à leurs électeurs francophones lors des élections municipales d'octobre 2006 alors qu'une circulaire impose le néerlandais. Le rapport définitif des émissaires du Conseil de l'Europe sera rendu public, mais ses conclusions ne font guère de doutes. D'autant que Guéan a aussi remis en cause l'obligation faite aux conseils municipaux des municipalités flamandes majoritairement francophone de s'exprimer uniquement en néerlandais: «comment suivre des débats s'ils n'ont pas lieu dans votre langue? Cette situation est grave pour une minorité et encore plus grave et plus inquiétante quand il s'agit de la langue de la majorité d'une commune».
Comme il ne fait guère de doutes que la Région flamande le rangera dans un placard en jugeant que le Conseil de l’Europe, dont les avis ne sont pas contraignants, n’est pas à même de juger ce qui se passe en Flandre. En réalité, si l’on suit la logique un tantinet paranoïaque à l’œuvre au nord de la Belgique, seuls
les Néerlandophones sont à même de le faire –et ils ne sont pas nombreux au sein du Conseil de l’Europe -, ce qui permet d’ignorer la légalité internationale. C’est ainsi qu’elle a écarté d’un revers de la main les inquiétudes de l’ONU qui s’est
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que les logements sociaux soient réservés, en Flandre, aux Néerlandophones ou à ceux qui s’engagent à apprendre la langue de Vondel.
D'ailleurs, les premières réactions flamandes, rapportées par l'AFP, sont sans surprise: Keulen reproche déjà à la délégation du Conseil de l'Europe de ne pas tenir compte de lois linguistiques «cruciales dans notre système belge». «C'est absurde. C'est un peu comme si quelqu'un devait analyser un match de football sans tenir compte de la règle du hors jeu». La députée européenne flamande Frieda Brepoels, du parti indépendantiste NV-A, allié du parti démocrate-chrétien flamand du Premier ministre Yves Leterme, les a accusé d'«arrogance». Ils «veulent nous donner des leçons alors qu'ils n'ont pas la moindre connaissance de notre législation linguistique et du fonctionnement du système politique belge»,
Si j'étais Flamand, je commencerais à m'inquiéter que le monde entier soit imperméable à ma logique…
Et voici le reportage de la RTBF consacré à cette affaire (merci à Olivier).