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Libération
Blog «Coulisses de Bruxelles»

La Flandre prés du but

Albert II donne du temps au temps afin d’essayer de sortir la Belgique de la crise politique qu’elle traverse depuis les élections législatives du 10 juin 2007 (Libération daté de mercredi). Le roi a refusé, jeudi dans la nuit, la démission que le premier ministre, le chrétien-démocrate flamand Yves Leterme, en poste seulement depuis le 20 mars, lui a présenté le 14 juillet, faute de solution de rechange crédible. Mais il ne s’agit que d’une solution temporaire : Albert II (photo: Sipa) sait que
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publié le 18 juillet 2008 à 17h26
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h13)

Albert II donne du temps au temps afin d’essayer de sortir la Belgique de la crise politique qu’elle traverse depuis les élections législatives du 10 juin 2007 (Libération daté de mercredi). Le roi a refusé, jeudi dans la nuit, la démission que le premier ministre, le chrétien-démocrate flamand Yves Leterme, en poste seulement depuis le 20 mars, lui a présenté le 14 juillet, faute de solution de rechange crédible. Mais il ne s’agit que d’une solution temporaire : Albert II (photo: Sipa) sait que son Royaume n’échappera pas à un nouveau détricotage de l’État fédéral au profit des régions, comme le réclament les partis flamands.

Ceux-ci n’ont d’ailleurs accepté la formule royale qu’à condition que la minorité francophone (40 % de ce pays de 10,5 millions d’habitants) leur donne des gages de bonne volonté. Albert II a donc nommé un « comité des sages », composé de deux francophones (le député bruxellois libéral François-Xavier de Donnea et le député européen centriste Raymond Langendries) et du ministre-président de la petite communauté germanophone, Karl-Heinz Lambertz, qui devra « examiner de quelle manière des garanties peuvent être offertes pour entamer d’une manière crédible un dialogue institutionnel ». Ils devraient remettre un premier rapport au roi d’ici au 31 juillet.

Leterme (photo: Thierry Monasse), en dramatisant la situation, semble donc avoir obtenu ce qu’il voulait : briser le front du refus que les Francophones opposaient aux exigences flamandes d’un État fédéral ramené à la portion congrue (politique étrangère, défense, certains aspects de la sécurité sociale).

Un sondage publié hier par le quotidien « la Libre Belgique » (actionnaire de Libération)20080508_chambre_14 montre d’ailleurs que, désormais, 42 % des Wallons et 37 % des Bruxellois sont prêts à donner davantage d’autonomie aux trois régions du pays (Flandre, Wallonie et Bruxelles) alors que 15 % des Wallons et 14 % des Bruxellois sont même prêts à créer une simple confédération. Côté flamand, les pourcentages sont respectivement de 50 % et de 20 %...

En tout état de cause, l’incompréhension est profonde : ce sondage montre que, côté francophone, on juge que les partis flamands sont responsables de la crise actuelle (près de 70 %) alors que du côté flamand, on incrimine les partis francophones… Et si 66 % des Flamands approuvent la démission de Leterme (que les Francophones croyaient en perte de vitesse…), ils ne sont que 51 % des Wallons et 43 % des Bruxellois. Enfin, rares sont ceux qui croient que de nouvelles élections permettraient d’y voir plus clair : dans les trois régions, ils sont en moyenne 68 % à ne pas juger utile un scrutin ce qui montre que les partis représentent bien les aspirations des électeurs. La crise est loin, très loin d’être résolue.