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Blog «Les 400 culs»

Petite histoire des pénis customisés

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Customiser son pénis ? A travers la planète, des hommes pratiquent sur leur organe d’étranges types de modifications. Certains sont anciens. D’autres ont été créés au XXe siècle. Sachez les reconnaître. Infibulation : cette opération consiste à tirer la peau du prépuce par dessus le gland et à la transpercer avec un anneau. But : empêcher l’érection. Dans l’antiquité gréco-romaine, ce «cadenassage du gland» aurait été pratiqué sur les comédiens et les gladiateurs, pour les empêcher de perdre leu
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publié le 14 août 2008 à 10h48
(mis à jour le 21 janvier 2015 à 16h14)

Customiser son pénis ? A travers la planète, des hommes pratiquent sur leur organe d’étranges types de modifications. Certains sont anciens. D’autres ont été créés au XXe siècle. Sachez les reconnaître.

Infibulation : cette opération consiste à tirer la peau du prépuce par dessus le gland et à la transpercer avec un anneau. But : empêcher l'érection. Dans l'antiquité gréco-romaine, ce «cadenassage du gland» aurait été pratiqué sur les comédiens et les gladiateurs, pour les empêcher de perdre leurs forces dans des épanchements sexuels. Cette ligature est également pratiquée aux Philippines, en Malaisie, chez les Karaya du Xingu (Brésil), chez les Umeda du Sépik (Nouvelle Guinée), chez certains Ethiopiens coptes et au XIXe siècle dans certaines familles bourgeoises européennes qui considéraient la masturbation comme un péché grave.

Prince Albert :  suivant une fable totalement délirante, ce piercing sexuel (un anneau fixé dans le gland, à travers l'urètre) aurait été lancé par le beau Brummel, dandy britannique (1778-1840), surnommé le «roi de la mode». A l'époque, les hommes portaient des pantalons moulants. Pour effacer toute protubérance, George Brummel se serait donc fait poser un anneau pour retenir son pénis au moyen d'une petite corde contre l'intérieur de la cuisse. C'est ensuite le prince Albert, mari de la reine Victoria, qui aurait donné son nom au piercing en l'utilisant pour satisfaire son altesse d'épouse... La légende précise même que le prince Albert avait 21 ans le jour de son mariage royal et qu'il a fait six enfants à Victoria. Bien évidemment, la vérité est ailleurs : c'est Fakir Musafar lui-même qui lance ce piercing (et peut-être aussi sa légende). Il prétend l'avoir découvert dans une revue d'ethnologie : à l'en croire, le «Prince Albert» servait de ceinture de chasteté masculine dans certaines tribus primitives. L'anneau était en effet si gros qu'il empêchait tout rapport sexuel et ce sont les femmes qui le posaient sur leur mari.

Hafada, frein, dydoe et guiche : historiquement, la plupart des piercings naissent vers 1968, sur la côte ouest des USA, dans un petit cercle d'homosexuels qui redécouvrent autour de Fakir Musafar les vertus des rites initiatiques tribaux et qui en profitent pour se clouter le sexe dans tous les sens. Le mouvement se répand. Jim Ward —gay cuir harcore— a l'idée de créer une boutique de piercing et de vendre les premiers bijoux du genre. Son ami millionnaire Doug Malloy —passionné de piercing génitaux— lui avance les fonds et c'est parti : Jim créé le studio Gauntlet, puis lance une revue PFIQ (Piercing Fan International Quaterly) qui leur sert de propagande. Ensemble, les deux hommes montent une gigantesque conspiration visant à justifier leurs créations : ils répandent la légende du Prince Albert et tentent de trouver des origines plus ou moins farfelues aux piercings qu'ils tentent sur eux-mêmes et sur leurs amis... Ils inventent les hafadas (piercing sur les testicules), les dydoes (petites barettes fixées sur le pourtour du gland), le frein (anneau passé autour du gland et fixé sur le frein du pénis), la guiche (piercing fixé entre le scrotum et l'anus) et même les piercings féminins ! Jim Ward raconte d'ailleurs que la première fois qu'il a dû faire un piercing du clitoris, il ne savait même pas où ça se trouvait.

Ampallang et Apadravya : Ce sont les seuls piercings génitaux réellement anciens. Chez les Toradja des Célèbes (Océanie) et les Birmans de Pgou, le «chevillage» (fixation d'une barette horizontale à travers le gland) est un rite d'initiation. But : favoriser l'orgasme de la partenaire, et interdire l'accès de l'urètre aux mauvais esprits ! Dans les croyances polynésiennes, la cheville possède le «mana», une force surnaturelle. L'Apadravya (fixation d'une barrette verticale à travers le gland), lui, est fortement recommandé par le Kama Sutra : ce «piercing» est encore pratiqué dans le sud de l'Inde pour le plus grand plaisir des femmes... Il est évidemment adopté par la bande à Jim Ward comme l'emblème suprême de la virilité.

Implants : le seul exemple traditionnel d'implant génital c'est «l'incrustation pénienne». Les Bataks de Sumatra (Indonésie) insèrent des petites pierres, de l'ivoire ou des éclats de coquillage sous la peau du pénis parce que ces aspérités sont... fort appréciées des femmes (soi-disant). Au Japon, une légende persistante veut que lorsque les yakuzas sont incarcérés, ils s'incrustent des billes fabriquées à partir de morceaux de brosse à dents, de bouton ou de peigne. Les catalogues de sex-shop actuels vendent des perles qu'il suffit de placer contre son pénis, maintenues en place par un préservatif et deux anneaux élastiques et qui miment ce style d'implants. Sans douleur.

Circoncision : Dans toutes les cultures —chez les juifs, les Indiens d'Amérique du nord, les Polynésiens, les Dogons, les musulmans, les Malgaches ou dans l'Egypte antique— le prépuce symbolise la partie féminine de l'homme. En pratiquant son ablation, on permet à l'homme de devenir 100% mâle. En Nouvelle-Guinée, les garçons offrent leur prépuce à leur sœur. Après l'avoir fait sécher, elle le peint en ocre rouge et le porte en pendentif autour du cou. Au Libéria, les Poro les cuisent et les font manger par les jeunes filles. Les Ngalas du Haut Congo fixent les prépuces aux feuilles des bananiers et les initiés mangent les fruits de ces arbres dès qu'ils sont mûrs.

Subincision : Cette mutilation consiste à fendre son pénis sur la face ventrale, du gland jusqu'à la racine du scrotum. Chez les Aruntas (Nouvelle-Guinée), on opère ainsi les enfants de 10 à 12 ans. Les Aborigènes australiens réservent cette mutilation aux chefs de tribus et aux notables. Quand ils visitent une autre tribu, ils se font serrer non pas la main mais le pénis, pour prouver qu'ils ont bien été subincisés. La coutume de «serrer le pénis» permet d'établir de bonnes relations avec ses congénères ! Les Américains aussi s'ouvrent le pénis en deux : chaque année 400 hommes s'auto-mutilent pour augmenter leur plaisir sexuel et montrer les photos de leur pénis fendu sur le site "BMEzine" (Body Modification Ezine).

Mutilation d'un testicule : En prévention de certains maladies, on retire un testicule en Afrique australe, en Ethiopie, dans plusieurs sociétés de Micronésie, d'Australie et du Pacifique. La «monorchidie» rituelle consiste à détruire ce testicule par écrasement ou extirpation. Décrite chez les Hottentots du Cap au XVIIe siècle, elle a lieu dès la naissance ou vers l'âge de 8 ans. Les autochtones pensent rendre l'enfant plus apte à la course au gibier : il ne se prendra pas les pieds dans les testicules.

Castration : Selon Diodore de Sicile, la mutilation des deux testicules serait due à la reine légendaire de Babylone, Semiramis. Elle choisissait les plus beaux mâles de son armée pour chauffer sa couche et les faisait castrer ensuite par jalousie ! Plus sérieusement, la castration date de 2000 ans avant JC. Il semble que les prêtres hittites sont les premiers à la pratiquer. En 1800 avant JC, elle se répand chez les Sémites. A Sumer, les hommes sont castrés pour garder les harems et les eunuques servent de conseillers chez les Romains et les Grecs. En Egypte, ils exercent la fonction de prêtre. Pourquoi ? Parce que ces hommes ont la réputation de ne pas être soumis aux «passions».

Emasculation : L'eunuque «complet» est indispensable au maintien de l'ordre et de la morale dans les harems des pachas chez les musulmans. Du XVIIe au XIXe siècle, les esclaves castrés se vendent en grande quantité dans les marchés de Constantinople, en Egypte et au Soudan. Les hauts lieux d'émasculation sont les couvents coptes ! Ce sont les barbiers et les moines qui participent à la boucherie. En Chine, on coupe les organes génitaux, au ras du ventre. Mais les eunuques ne subissent la mutilation qu'après avoir engendré un fils, car leur fonction est héréditaire. Les organes tranchés sont conservés dans un bocal, qui sert de preuve. Au XVIIe siècle, ils s'occupent de hautes fonctions et ne disparaissent qu'en 1912, à la révolution chinoise. L'Europe aussi a ses monstres. Conformément aux préceptes de Saint Paul, le pape interdit la présence des femmes dans l'église et sous Clément VIII, au XVIe siècle, les castrats sont intégrés dans les chœurs de la Chapelle Sixtine. L'émasculation se pratique sur plusieurs milliers de jeunes garçons chaque année. En Inde, la castration (officiellement interdite depuis 1880) continue : on achète des enfants pour les mutiler et en faire des chanteurs.

Histoires du pénis, de Marc Bonnard et Michel Schouman, éd. du Rocher, 2000.
Modern primitives, de V. Vale, éd. Re/Search