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Libération
Blog «Coulisses de Bruxelles»

Parlement européen : un plafond est tombé sur le siège de Strasbourg

Aujourd’hui, le Parlement européen a achevé sa session mensuelle de quatre jours. La nouvelle n’est évidemment pas là, mais plutôt dans le lieu où s’est tenue cette session : à Bruxelles. En effet, pour  la première fois de son histoire, l’Assemblée s’est réunie dans la capitale belge et non à Strasbourg, son siège officiel. Le 7 août dernier, heureusement dans un Parlement déserté par les députés européens, une partie du faux plafond de l’Hémicycle livré en 1999 s’est effondré, dix tonnes de g
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publié le 4 septembre 2008 à 22h09
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h13)

Aujourd’hui, le Parlement européen a achevé sa session mensuelle de quatre jours. La nouvelle n’est

évidemment pas là, mais plutôt dans le lieu où s’est tenue cette session : à Bruxelles. En effet, pour  la première fois de son histoire, l’Assemblée s’est réunie dans la capitale belge et non à Strasbourg, son siège officiel. Le 7 août dernier, heureusement dans un Parlement déserté par les députés européens, une partie du faux plafond de l’Hémicycle livré en 1999 s’est effondré, dix tonnes de gravats recouvrant les bancs des non-inscrits et de la droite… Si une session avait eu lieu à ce moment, on aurait sans doute compté des morts. Le pire est que la seconde session de septembre, prévue à partir du 22, ne pourra pas non plus avoir lieu à Strasbourg : si le faux plafond a été réparé et sécurisé, d’autres importants problèmes sont apparus dans la conception du bâtiment, ce qui nécessite des travaux supplémentaires… Voilà qui fait désordre en pleine présidence française de l’Union.

Ce bâtiment, construit sous la houlette d'Architecture Studio (1), était pourtant censé assurer définitivement la présence du Parlement à Strasbourg. Or, il donne de nouveaux arguments aux députés anti-Strasbourg, une écrasante majorité, lassés des incessants va-et-vient entre les deux villes (pour un coût annuel de 200 millions d'euros sans compter les 20.000 tonnes de CO2 créés par ce nomadisme). Pourquoi aller risquer en plus sa vie à Strasbourg ? Des députés se sont d'ailleurs promenés mardi avec des casques de chantier sur la tête pour montrer ce qu'ils pensaient de l'Hémicycle strasbourgeois.

Le problème est que le siège est fixé par les traités européens, ce qui nécessite l’unanimité pour le modifier. Aujourd’hui, Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire d’État aux affaires européennes, a prévenu que la France n’hésiterait pas à remettre en cause la localisation de l’ensemble des institutions et des agences si une telle discussion s’ouvrait. Mais la France peut-elle encore longtemps s’arc-bouter sur « son » siège ? Ne devrait-elle pas plutôt réclamer, par exemple, que l’ensemble des Conseils européens des chefs d’État et de gouvernement ait lieu à Strasbourg, ce qui ferait ainsi de la capitale alsacienne l’autre capitale européenne ?

(1) Ce cabinet m’a intenté un procès – qu’il a perdu — à la suite d’un article très critique du nouveau bâtiment que j’avais écrit dans Libération au moment de son inauguration.