La crise est repartie de plus belle en Belgique,
[ comme je l’explique dans mon article paru aujourd’hui dans Libération ]
. Ce lundi, élément nouveau, la NV-A, le petit parti indépendantiste qui a permis aux chrétiens-démocrates flamands CD&V, avec lequel il s’est présenté en « cartel », de gagner les élections législatives du 10 juin 2007, a claqué la porte du gouvernement flamand. Son seul ministre dans l’exécutif de la région, Geert Bourgeois, a démissionné au motif « que nous sommes toujours occupés à trépigner après des mois de tergiversation et qu’il n’y aura pas de résultat pour le 7 juin 2009 », date des élections régionales, en matière de « réforme de l’État », expression code qui signifie une plus grande autonomie des pays. Celui qui a été, avec l’actuel Premier ministre, Yves Leterme, le père du cartel CD&V/NV-A estime que cette alliance est morte :
« si vous ne soutenez plus le gouvernement fédéral dirigé par votre partenaire de cartel, et si vous ne faites plus partie du gouvernement flamand dans lequel votre partenaire reste présent, le cartel a cessé d’exister ».
Leterme survivra-t-il à ce coup dur ? Désormais, sa majorité est déséquilibrée : son gouvernement n’est plus majoritaire en Flandre et il ne tient plus que grâce aux soutiens des partis francophones (libéraux, centristes du CDH et socialistes). Un comble pour celui qui a fait de la confédéralisation de la Belgique son objectif premier si ce n’est unique, objectif que refusent par principe les francophones... Surtout, s’il se résout, pour sauver son gouvernement, à se passer de son allié de la NV-A, il prend un énorme risque à moins de 9 moins des élections régionales de juin 2009 : voir émerger un axe nationaliste dur regroupant la NV-A, la liste Dedecker (qui a le vent en poupe) et le Vlaams Belang, une sorte de « Forza Flandria » qui aurait toutes les chances de devenir la première force politique de Flandre et donc de Belgique.
<strong>Pour éviter ce scénario, Leterme peut soit jouer le maintien de son cartel avec la NV-A et démissionner, soit parvenir rapidement à un compromis ambitieux avec les francophones. Autrement dit, ces derniers, s'ils veulent éviter d'avoir à négocier à l'avenir avec les nationalistes extrémistes flamands, n'ont pas d'autre choix que d'accepter les demandes de confédéralisation d'Yves Leterme, y compris la scission de l'arrondissement judiciaire et électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Autrement dit, si Leterme est dans une seringue, c'est aussi le cas des Francophones : ils devront de toute façon en passer par les exigences flamandes. Amusant, non ?</strong>