Le dernier budget français à l’équilibre remonte à 1974, il y a 34 ans ! Depuis, le déficit est devenu la règle (2,7% en 2007 -soit 50 milliards d’euros-, même pourcentage « espéré » en 2008 et 2009) et la dette (il faut bien emprunter sur les marchés pour financer ce déficit) s’est vertigineusement accru au point de désormais représenter deux tiers du PIB français ! Celle-ci, qui avait diminué de 66,4% du PIB en 2005 (record absolu) à 63,9 en 2007, va rebondir à
66% du PIB en 2009
, selon le projet de budget présenté par le gouvernement la semaine dernière. Dire que la France est «en faillite» comme l’a dit le Premier Ministre, François Fillon, l’automne dernier, est à peine exagéré : il ne lui reste quasiment plus aucune marge de manœuvre pour financer ses dépenses d’investissement et préparer le futur. Si rien n’est rapidement fait, la dette va rapidement devenir incontrôlable, comme l’ont déjà expérimenté des pays comme l’Italie ou la Belgique.
Pour donner une idée de la dérive des comptes publics français, rien de mieux que quelques chiffres : la charge annuelle de la dette publique augmentera en 2009 de 3,1 milliards d'euros, soit 44,34 milliards d'euros à rembourser chaque année (pour l'essentiel des intérêts). 44,34 milliards ! A comparer avec les cadeaux fiscaux que Nicolas Sarkozy a distribué lors de son élection, 15 milliards d'euros en année pleine. La charge de la dette confirme sa place de second budget de l'Etat, juste derrière l'éducation nationale (60 milliards) et loin devant la recherche et l'enseignement supérieur (15 milliards) et même devant la défense (37 milliards).
Cette dette est pour l’essentiel ce que l’on peut appeler de la « mauvaise » dette : elle a servi à payer
les dépenses de fonctionnement de l’Etat (salaires des fonctionnaires, notamment) et non d’investissement. Il faut aussi avoir conscience qu’elle permet d’engraisser les investisseurs étrangers, ceux-ci en possédant les deux tiers (une grande différence avec la Belgique ou l’Italie). Autrement dit, plus la France emprunte, plus les marchés sont contents et plus elle dépend d’eux.