Vendredi 10 octobre, à 18h, une galerie d'art parisienne se reconvertit en boudoir, le temps d'une exposition consacrée aux Intimités. L'occasion d'un défilé de lingeries très spéciales de Mademoiselle Fred.
Elle aurait pu naître dans les années 50, quand le rouge à lèvres se portait vraiment rouge et qu'il faisait des bouches semblables à des blessures ouvertes. Mais Mademoiselle Fred est née fin 60's à Pigalle «à deux pas du Moulin Rouge, près des bordels de la Belle Epoque». Il lui en est resté ce goût des corsets et des formes rondes, qu'elle rend encore plus rondes à l'aide de dessous provocants. Les lingeries rétro qu'elle créé à son nom (Mademoiselle Fred) sont faites littéralement pour coacher les femmes. Il ne s'agit pas seulement de slips, de gaines ou de bustiers, mais d'armatures psychologiques, d'armes mentales, d'exosquelettes de luxe.
«Je me suis inspirée de l'esprit vintage, explique Fred, parce qu'il correspond à un moment de libération sexuelle, quand toutes les femmes ont voulu devenir des pin-up style Betty Page. C'étaient des vraies femmes, libres, sophistiquées et glamour : taille de guêpe, hanches rondes, seins pommelés…» Une façon affirmée d'être au monde, pute et insoumise, que Mademoiselle Fred revendique à travers ses créations.
Il y a la collection Rosa, en dentelle Chantilly doublée avec du tulle, qui donne l'impression de poser sur la peau comme une couche de givre duveteux ou de gelée arachnéenne. «On voit bien le dessin de la dentelle en transparence sur la peau qui se pose comme un tatouage en surimpression… Les écailles de rose créent un effet de voile suggestif, doux et fin…» Il y a aussi la collection Luna avec ses culottes décolletées sur la naissance des fesses, attirant le regard vers deux globes qui rappellent en trompe-l'œil une gorge opulente… «L'effet goutte de la culotte à décolleté crée l'illusion d'une paire de seins, émergeant d'une robe de cocktail. Il ne manque plus que la voiture carrossée rouge-sang pour compléter le tableau.»
Cultivant l’esthétique des soirées smoking et des femmes moulées dans des fourreaux à reflets souples, gantées de noir, maquillées en vamp, Mademoiselle Fred créé aussi des bustiers en satin stretch qui souvent les courbes du corps, des serre-tailles proche du fuselage et des porte-jarretelles aérodynamiques. Ces dessous-là vous structurent une âme de femme fatale. Ils ne se voient pas, mais ils vous rendent invincible.
Inaugurant l'idée d'un Octobre érotique,
l'Atelier Gustave se reconvertit, pendant quatre semaines, en lieu
d'exploration visuel, tactile et gustatif. La première exposition —Intimités
qui dure jusqu'au 15 octobre— est consacrée aux dessous ravageurs.
Elle regroupe les artistes Jean-Pierre Ceytaire (peintre), Andy Julia
(photographe) et Akiza (designer). La deuxième exposition —Neorganics, du 17 au 25 octobre— «voyagera dans les plaisirs du palais, une incursion dans un érotisme culinaire»
avec Isabelle Smolinski, Pierre Straumann (dessin à manger), Matthieu
Creusot-Klientovski (peinture cannibale), Carmine Creation et Streams
of Europe (habillage musical de l'exposition).
Défilé de Mademoiselle Fred, le 10 octobre, à partir de 18h.
Atelier Gustave : 36 rue Boissonade, 75014 Paris. Ouvert du lundi au samedi de 17h à 22h.