Le Sommet européen de mercredi et vendredi dernier a approuvé la composition du “groupe de réflexion” présidé par
[ Felipe Gonzàlez ]
, l’ancien premier ministre socialise espagnol (photo), qui sera chargé de réfléchir au futur de l’Union « à l’horizon 2020-2030 ». Il s’agit de la Française Nicole Notat, ancienne patronne de la CFDT, le Polonais Lech Walesa, qu’on ne présente plus, l’Italien Mario Monti, ancien commissaire européen à la concurrence, la Danoise Lykke Friis, universitaire, le Néerlandais Rem Koolhaas, architecte, l’Allemand
, maire CDU de Stuttgart, le Britannique
[ Richard Lambert ]
, journaliste, l’Autrichien
[ Rainer Münz ]
, économiste, et la Grecque
, spécialiste de l’Europe à Oxford. À ce groupe de neuf personnes, s’ajoutent les deux vice-présidents,
, l’ex-présidente lettone, et
[ Jorma Ollila ]
, président du finlandais Nokia, qui avaient été désignés en même temps que Gonzàlez.
Jeudi, Nicolas Sarkozy, qui préside le Conseil européen, s'est félicité du consensus des Vingt-sept sur cette liste : « 9 membres, unanimité à 27, vous imaginez bien que cela n'a pas été facile à obtenir ». Ce groupe ne compte ni poids lourds politiques, ni « grands anciens ». Fredrik Reinfeldt, le Premier ministre suédois, avait prévenu qu'il fallait « éviter que des personnalités du passé discutent de l'avenir de l'Europe »…
La création de ce groupe des «sages» a été décidée lors du Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement de décembre 2007, sur une proposition de Nicolas Sarkozy. Au départ, le chef de l'État français voulait limiter la réflexion aux « frontières de l'Europe » avec l'idée d'en faire une arme de guerre contre l'adhésion de la Turquie. Mais ses partenaires, notamment les plus favorables à l'adhésion d'Ankara, ont refusé de tomber dans ce piège. D'où l'extension de son mandat.
« Afin d’aider l’Union à anticiper et à faire face plus efficacement aux
difficultés à long terme (c’est à dire à l’horizon 2020-2030), le Conseil européen crée un groupe de réflexion indépendant », peut-on lire dans les conclusions du Sommet de décembre 2007, qui « est invité à répertorier les questions et les évolutions fondamentales auxquelles l’Union est susceptible d’être confrontée et à étudier les solutions à y apporter. On citera notamment le renforcement et la modernisation du modèle européen, qui concilie réussite économique et solidarité sociale, l’accroissement de la compétitivité de l’UE, l’État de droit, le développement durable en tant qu’objectif fondamental de l’Union européenne, la stabilité mondiale, les migrations, l’énergie et la protection du climat ainsi que la lutte contre l’insécurité mondiale, la criminalité internationale et le terrorisme. Il conviendrait d’accorder une attention particulière aux moyens de mieux s’adresser aux citoyens et de répondre à leurs attentes et à leurs besoins ».
À l'époque, les « questions institutionnelles » avaient été expressément écartées, l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne paraissant acquise, ainsi que les « politiques actuelles » et « le prochain cadre financier de l'Union », afin d'éviter une remise en cause de la politique agricole commune...
On peut se demander si cet assemblage baroque parviendra à renouveler la pensée européenne et à redonner du sens à la construction communautaire alors que l'Union affronte quatre crises majeures, institutionnelle, diplomatique, bancaire et économique: il est vrai que les « sages » ont du temps devant eux (son rapport étant attendu pour…juin 2010) et qu'ils vont disposer des moyens du Conseil des ministres. Vont-ils parvenir à nous étonner ?