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Libération
Blog «Coulisses de Bruxelles»

Le Parlement européen décerne le prix Sakharov au dissident chinois Hu Jia

La Chine s’est déchainée pour empêcher l’attribution, par le Parlement européen, du prix Sakharov 2008 au dissident chinois emprisonné, Hu Jia. En vain. Hier, en séance plénière à Strasbourg, Hans-Gert Pöttering, le président du Parlement, a, en effet, annoncé que ce prix lui était décerné « au nom des sans voix de Chine et du Tibet ». Le plus consternant est que Pékin a été soutenu dans ses efforts par les socialistes européens (PSE) et les communistes (GUE) qui ont refusé jusqu’au bout de vote
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publié le 23 octobre 2008 à 17h27
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h13)

La Chine s’est déchainée pour empêcher l’attribution, par le Parlement européen, du prix Sakharov 2008 au dissident chinois emprisonné, Hu Jia. En vain. Hier, en séance plénière à Strasbourg, Hans-Gert Pöttering, le président du Parlement, a, en effet, annoncé que ce prix lui était décerné

« au nom des sans voix de Chine et du Tibet »

.

Le plus consternant est que Pékin a été soutenu dans ses efforts par les socialistes européens (PSE) et les communistes (GUE) qui ont refusé jusqu’au bout de voter en faveur de Hu.

« C’est la première fois qu’une candidature ne recueille pas l’unanimité au troisième tour »

, s’indigne Daniel Cohn-Bendit, le co-président du groupe des Verts qui a présenté cette candidature avec les Libéraux de l’ADLE.

Hu, 35 ans, a été condamné en juillet dernier à l’issue d’une journée de procès, à trois ans et demi de prison pour « tentative de subversion de l’Etat » après avoir critiqué la Chine sur internet et dans des interviews à la presse étrangère. Il faisait partie de la liste de sept prisonniers politiques que Daniel Cohn-Bendit avait remise le  17 juillet à Nicolas Sakozy en tant que président en exercice du Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union. Pris à parti au Parlement, le 10 juillet, par le député allemand, le chef de l’Etat lui avait demandé de lui remettre une telle liste afin qu’il demande sa libération aux autorités chinoises lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Pékin

Faute d’avoir obtenu satisfaction, les Verts, soutenus par les Libéraux, ont donc décidé d’infliger une

piqure de rappel à l’occident et aux Chinois en proposant la candidature de Hu au prix Sakharov pour les droits de l’homme (doté de 50.000 euros). La commission des affaires étrangères du Parlement a arrêté une liste de trois noms : outre Hu, l’opposant bélarusse Alexandre Kozouline et l’abbé congolais Abbot Apollinaire Malu Malu. Il revenait ensuite à la conférence des présidents de groupes politiques de désigner le vainqueur. Dés le premier tour, hier matin, Kozouline a été éliminé. Au troisième tour, seul Hu restait en lice. Et là surprise, le PSE et la GUE, qui défendaient la candidature de Malu Malu, ont préféré s’abstenir  plutôt que de soutenir la candidature du dissident chinois. Motif officiel: il n’est pas question de voter contre un pays...

Il faut dire que la Chine a employé les grands moyens. Dans une lettre envoyée aux présidents du Parlement et des groupes politiques, l'ambassadeur de Chine auprès de l'UE a averti que « si le Parlement européen devait décerner ce prix à Hu Jia, cela heurterait inévitablement le peuple chinois et détériorerait sérieusement les relations entre la Chine et l'UE ». « Des diplomates chinois sont venus nous trouver pour marteler le même message et ils ont multiplié les mails et les appels téléphoniques », assure Cohn-Bendit, des affirmations corroborées par Graham Watson, le président du groupe libéral. De telles menaces n'ont aucun précédent dans l'histoire du Parlement. Et, manifestement, socialistes et communistes y ont été sensibles.