Rappelez-vous, c'était à l'aube des temps. Un certain Charlie McCreevy, commissaire chargé du marché intérieur, expliquait alors doctement que « ce n'est pas le manque de réglementation qui est à l'origine de cette crise financière ». Réglementer les hedge funds ou fonds spéculatifs n'était donc pas nécessaire, affirmait le même homme: ils ne sont «pas la cause des turbulences actuelles». C'était l'aube des temps, c'était le 7 octobre dernier. Depuis, il y a eu la réunion de l'Eurogroupe au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, le 12 octobre, suivi d'un Conseil européen, le 15 et 16 octobre, et enfin d'un G20 à Washington, le 15 novembre, où les pays les plus riches du monde ont convenu que la crise actuelle était bien due à une réglementation insuffisante et que les hedge funds avaient aggravé la panique boursière et qu'ils devaient rentrer dans le rang.
Pourtant, McCreevie est toujours en poste et José Manuel Durao Barroso, le président de la Commission,
lui maintient sa confiance envers et contre tout. Tout à l’heure, devant le Parlement européen, il a annoncé que McCreevy lui avait promis de présenter une proposition de réglementation des hedge funds et des private equity en décembre prochain. Sans rire. Sans mea culpa. Normal. Les deux hommes se tiennent par la barbichette: ils savent tous les deux qu’ils ont une large part dans la crise actuelle, eux qui ont toujours proné la déréglementation, la libéralisation totale, le «less regulation», comme moyen de promouvoir une croissance forte. Ils se sont trompés, ils prennent le sens du vent. C’est promis: les pyromanes vont éteindre l’incendie.