Hier, j’ai interrogé la chancelière Angela Merkel sur l’engagement européen de son pays : l’Allemagne
n’est-elle pas en train de s’engager dans un « sonderweg », un « autre chemin », plus national, comme le montre son peu d’empressement à jouer collectif dans la crise bancaire et économique ou sa menace de poser son veto au paquet énergie/climat ?
« Nous défendons aussi bien les intérêts européens que les intérêts allemands »
, a-t-elle répondu.
« Nous avons fait simplement valoir qu’il fallait une approche spécifique pour chaque pays »
afin de faire face à la crise économique,
« mais notre attitude reste européenne. »
Sur le plan énergie/climat, la chancelière a expliqué que son économie était encore fortement carbonée et donc qu'une bonne partie de la solidarité à l'égard des pays de l'Est serait assumée par l'Allemagne (12 % de l'argent récolté lors de la vente de quotas d'émissions iront aux pays les plus pauvres) et non par la France qui dispose de nombreuses centrales nucléaires. Ce qui explique les réticences de dernières minutes de l'Allemagne. « Nous sommes à l'interface des deux Europe, il faut le comprendre. Il ne faut pas que l'industrie allemande souffre, sinon tout le monde souffre ».
Pour Angela Merkel, il n'y a aucun doute, « nous faisons preuve de continuité par rapport au passé : nous continuons à jouer le jeu européen ». « Que pèsent des pays de 50 ou 60 millions d'habitants face au reste du monde ? Il n'y a pas d'alternative à l'Union européenne », a-t-elle martelé. « L'Union fait notre force ».
Frank-Walter Steinmeier, le vice-chancelier social-démocrate et ministre des Affaires étrangères, a alors pris la parole : « je me suis opposé en Allemagne au chacun-pour-soi, j'ai appelé à une meilleure coordination des politiques économiques ». Mais, il estime, lui aussi, que « les conditions sont différentes entre les économies européennes ». En particulier, souligne-t-il, l'Allemagne est restée davantage centrée sur l'industrie alors que d'autres pays, comme la France, se transformaient en une économie de services, ce qui interdit que l'on applique la même politique à tous les États membres.