La République tchèque, qui exerce la présidence tournante de l’Union, s’est enfin prononcée sur le traité
de Lisbonne que son gouvernement a pourtant négocié et signé… Par 125 voix, sur les 197 députés présents, soit cinq voix de plus que la majorité des 3/5 requise, la chambre des députés a voté la loi autorisant la ratification. Il reste maintenant à obtenir un vote positif du Sénat (où l’ODS a perdu sa majorité), sans doute en avril prochain, et la signature du Président de la République, l’europhobe Vaclav Klaus. La République tchèque était le dernier État membre de l’Union à ne pas s’être prononcée sur ce traité.
La moitié seulement des élus de l’ODS, le parti libéral au pouvoir, a voté en faveur de Lisbonne. En revanche, les chrétiens-démocrates et les Verts, membres de la coalition gouvernementale, ainsi que l’opposition sociale-démocrate (CSSD) ont voté comme un seul homme pour la ratification. Les communistes, eux, ont voté contre, rejoignant ainsi les « dissidents » de l’ODS.
Le ministre des affaires étrangères tchèque, l'europhile Karel Schwarzenberg, s'est félicité de « ce pas important vers l'approfondissement de l'intégration européenne. La crise de ces derniers temps nous démontre à quel point il est important de parler d'une seule voix, en bon accord ». Un enthousiasme que ne partage par le premier ministre, Mirek Topolanek, qui a voté « avec sa tête et non avec son cœur » : « la non-ratification ne nous apportera rien, il n'y a pas d'alternative ». Pour lui, Lisbonne ne définit pas « une Europe flexible, libre, ouverte », mais va vers « un renforcement des éléments centralisateurs de l'Union européenne » et un « affaiblissement des États nationaux ». À se demander pourquoi il ne propose pas de quitter l'Union.
Vaclav Klaus est bien sûr furieux et place tous ses espoirs dans le Sénat. Il n’exclut pas non plus une nouvelle saisine de la Cour constitutionnelle, pour prolonger la guérilla. On attend avec impatience son discours, demain à 11 heures, devant le Parlement européen. Ça promet de décoiffer. Pour rappel, le Président tchèque, qui a quitté l’ODS jugée trop europhile, a été élu par le Congrès tchèque et ne dispose que de pouvoirs de représentation.
Photo: Thierry Monasse (Mirek Topolanek lors du sommet de décembre dernier)