L’affaire est pliée : le parti conservateur britannique quittera bien le groupe politique du PPE-DE au
lendemain des élections européennes du 7 juin prochain. William Hague, le porte-parole des Tories pour les affaires étrangères, l’a confirmé mercredi au patron du groupe, le Français Joseph Daul. Le parti libéral tchèque, l’ODS du Premier ministre Mirek Topolanek, devrait faire de même. Pour le PPE, c’est un coup dur, puisque cela contrarie son ambition de rassembler tous les partis démocrates-chrétiens et conservateurs européens.
[ Pis : cela fragilise sa place de premier groupe politique du Parlement. ]
Ce départ n'est pas une surprise : David Cameron l'avait promis avant de prendre la tête de son parti, en décembre 2005. Mais le 13 juillet 2006, devant la résistance des pro-européens de son parti et faute de pouvoir trouver des alliés, en nombre suffisant, pour former un groupe (il faut un minimum de 20 députés issus de 6 pays différents), il a différé à la législature qui débutera en juillet 2009 le départ de ses troupes d'un groupe PPE jugé trop fédéraliste. Ce départ annoncé signe donc la défaite des europhiles des Tories.
Les Tories ont annoncé leur intention de former un nouveau groupe politique (à partir de juillet 2009, il faudra 25 députés provenant de 7 pays). Leur place « naturelle » serait pourtant au sein du groupe « Europe des nations ». Le problème est que celui-ci est devenu un fourre-tout, puisqu’on y trouve certes des partis souverainistes (comme le PiS, Droit et Justice, du président polonais Lech Kaczynski), mais aussi des partis pro-européens comme l’Alliance nationale italienne ou le Fianna Fail irlandais. Si ceux-ci ne sont pas au PPE, c’est tout simplement parce que d’autres partis s’y opposent (le Fine Gael irlandais ou les démocrates-chrétiens italiens, par exemple...). La logique européenne et la logique nationale ne se recoupent pas toujours, ce qui rend parfois illisible la géographie politique du Parlement.
Les Tories vont sans doute s’allier à l’ODS tchèque et au PiS polonais. Actuellement, le parti conservateur dispose de 27 députés sur les 287 que comptent le groupe, l’ODS, 9, et le Pis, 7. Même en tenant compte du fait que le nombre de parlementaires va passer de 785 à 736, en vertu du traité de Nice, les conservateurs britanniques, qui devraient écraser des travaillistes épuisés par onze ans de pouvoir, vont au minimum maintenir leur représentation. En revanche, l’ODS et le PiS (de 20 à 22% dans les sondages), en perte de vitesse, devraient perdre des plumes sans pour autant disparaitre du Parlement. Pour que les Tories parviennent à leur fin, il leur manque donc encore 4 partis provenant de 4 pays, ce qui n’est pas un objectif hors de portée. Le nouveau groupe espère devenir la quatrième force politique du Parlement derrière le PPE, le PSE et les libéraux, une place actuellement occupée par Europe des Nations (44 députés).