Après être passé de 15 milliards, avant la crise, à 25 milliards d’euros, le fonds d’aide à la balance des
paiements (dont ont déjà bénéficié la Hongrie et la Lettonie) va de nouveau faire la culbute. Les Vingt-sept, réunis en sommet à Bruxelles hier et aujourd’hui, ont en effet décidé de le doter de
50 milliards d’euros
(soit la moitié du budget communautaire actuel). Ils montrent ainsi que la
« solidarité entre États membres »
, désormais érigée au rang de
« valeur fondamentale de l’Union »
, n’est pas un vain mot, mais se traduit en espèces sonnantes et trébuchantes.
Ce fonds, prévu par les articles 119 et 120 du traité instituant la Communauté européenne (articles 143 et 144 du traité de Lisbonne), est uniquement destiné aux pays de l’Union qui ne sont pas membres de la zone euro. Il vise à venir en aide aux États qui rencontrent des

. Ces articles prévoient aussi que ces États peuvent prendre, avec l’accord de Bruxelles,
« des mesures de sauvegarde »
, ce qui semble inclure la suspension de la liberté de circulation des capitaux. Ces prêts, tout comme ceux du FMI, ne sont évidemment pas accordés sans contreparties: les États qui en bénéficient doivent s’engager à purger leurs finances publiques, ce qui est toujours douloureux, surtout en période de crise. Ainsi, la Hongrie et la Lettonie ont dû baisser les salaires de leurs fonctionnaires.
Riga, qui a déjà bénéficié de prêts de ce fonds à hauteur de 3,1 milliards d’euros (somme à laquelle il faut ajouter 1,7 milliard d’euros du FMI et 1,8 milliard de la Suède et des autres États nordiques), a fait savoir aujourd’hui qu’elle envisageait de demander 1 milliard d’euros supplémentaires à la Commission qui administre ces réserves d’urgence.
Par ailleurs, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union demandent que les fonds du FMI soient doublés (la quote-part supplémentaire des Européens s’élevant alors à 75 milliards d’euros). Cette crise aura en tout permis de donner un contenu à la solidarité européenne et montré que la gouvernance économique n’est pas un vain mot.
Photo: Thierry Monasse