L’Union européenne a réussi à préserver son unité, lors du Conseil européen qui s’est achevé hier. À
quelques jours du Sommet du G20 de Londres du 2 avril, les tensions étaient fortes entre ceux, dont la Grande-Bretagne, qui étaient prêts à soutenir les États-Unis dans leur volonté d’axer cette réunion sur la relance de l’économie mondiale, et ceux qui estiment que le G20 devait d’abord se concentrer sur une meilleure réglementation des marchés financiers dont la dérégulation est à l’origine de la crise. Finalement, Londres est rentrée dans le rang.
Les Vingt-sept estiment, en effet, que leurs plans de soutient à l’économie sont largement suffisant pour le moment. De fait, l’effort budgétaire de l’Union se chiffre à 3,3 % du PIB communautaire, soit 400 milliards d’euros (et ils ont réussi à se mettre d’accord sur l’utilisation des 5 milliards d’euros provenant de la non-utilisation de l’ensemble du budget communautaire). Mieux : si on tient compte de l’ensemble des garanties bancaires accordées par les États membres, le montant total bondit à 23 % du PIB… Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, a expliqué aux chefs d’État et de gouvernement au cours du diner du jeudi soir que l’Union était à l’extrême limite de ses possibilités. Les Vingt-sept ont donc décidé d’attendre la fin de l’année 2009 et les premiers effets des plans de relance avant d’éventuellement remettre au pot.
Tous semblent désormais déterminés à obtenir de leurs partenaires du G20 une « réorganisation du système financier mondial ». Au niveau européen, les Vingt-sept veulent donner l’exemple sans attendre : ils ont, par exemple, décidé, unanimement, de mettre en œuvre les conclusions du rapport de Larosière sur le renforcement de la surveillance prudentielle en Europe, alors que plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, se faisaient tirer l’oreille.
Surtout, la pression sur les États pratiquant le secret bancaire en Europe a été couronnée de succès (ce qui montre au passage qu'il n'existait que parce que tout le monde y trouvait son compte). L'Autriche, la Belgique et le Luxembourg ont décidé d'accepter les normes de transparence de l'OCDE et donc de lever le secret bancaire en cas d'enquête fiscale. Mieux : la Suisse, Andorre, le Liechtenstein et les îles anglo-normandes ont dû céder à leur tour. Nicolas Sarkozy a assuré que l'ensemble des territoires dépendant de la couronne britannique, dont les îles Caïmans, suivrait : « il n'y aura pas d'exception », a-t-il affirmé. « Notre crédibilité dépend de notre capacité à refuser toute exception ». Seule Monaco résiste encore et toujours en Europe. Afin de s'assurer que les promesses seront tenues, le Président de la République a annoncé que « nos banques ne devront pas travailler avec des places qui sont sur la liste des paradis fiscaux ». Ainsi, la banque française BNP-Paribas qui possède près de 200 établissements dans lesdits paradis fiscaux devra faire le ménage dans son activité…
Photos: Thierry Monasse