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Blog «Coulisses de Bruxelles»

Européennes : l’UMP pourrait rafler la mise

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Sondage après sondage, l’avance de l’UMP sur le PS se confirme, et ce, en dépit de la crise économique. Selon une enquête OpinionWay réalisée pour le Figaro et LCI, et publiée samedi, le parti de Nicolas Sarkozy obtiendrait 28 % des voix lors des prochaines Européennes et le PS 23 % (loin des 30 % de 2004). Le Modem, lui, confirme sa troisième place, à 12 %, mais là aussi loin du score obtenu par François Bayrou lors de la présidentielle de 2007. Europe Écologie, après un creux en février, semb
DR (Monasse/europolitiquephoto.eu)
publié le 19 avril 2009 à 18h52
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h12)

, l’avance de l’UMP sur le PS se confirme, et ce, en dépit de la crise

économique. Selon une enquête OpinionWay réalisée pour

et LCI, et publiée samedi, le parti de Nicolas Sarkozy obtiendrait 28 % des voix lors des prochaines Européennes et le PS 23 % (loin des 30 % de 2004). Le Modem, lui, confirme sa troisième place, à 12 %, mais là aussi loin du score obtenu par François Bayrou lors de la présidentielle de 2007. Europe Écologie, après un creux en février, semble se redresser et arrache la quatrième place, à 10 %.

Derrière, c'est l'éclatement du vote protestataire. Du côté de la gauche radicale, le NPA, après des scores flatteurs en début d'année, accuse le coup, avec seulement 7 % des intentions de vote. Manifestement, pas plus que le PS, il n'arrive à capitaliser, si je puis dire, sur la crise économique. Ce qui est une bonne nouvelle, ce parti étant, comme je l'ai démontré sur ce blog, le pendant du FN à gauche. De même, le « Front de gauche », qui unit les amis du sénateur Jean-Luc Mélenchon et les derniers communistes, ne décolle pas de son plancher des 5 %. La gauche radicale réussit cependant à capter 12 à 14 % (en comptant Lutte ouvrière) des intentions de vote, ce qui montre que l'union aurait eu un sens. Mais comme toujours, toute à ses querelles de chapelle révolutionnaire, elle est incapable d'union.

Le tableau est exactement le même du côté de la droite radicale : le FN est donné à 6 %, Libertas France de Philippe de Villiers, à 5 %, et Debout la République à 1 %. Soit 12 % des intentions de vote.

Additionnées, les forces antieuropéennes parviennent à capter plus du quart de l’électorat français : c’est à la fois beaucoup et peu. Beaucoup, car ces forces n’existent que lors du scrutin européen et disparaissent quasiment lors des élections nationales. Peu, car elles ont réussi à obtenir un rejet du traité constitutionnel européen par 55 % des votants en 2005, ce qui montre que l’Europe n’est que marginalement une question clivante. Ce que confirme ce sondage OpinionWay: seulement 40 % des sondés se déterminent en fonction d’enjeux européens, 58 % faisant prévaloir les enjeux nationaux. Le PS et le Modem l’ont parfaitement compris, puisqu’ils appellent les électeurs à sanctionner Nicolas Sarlozy lors du scrutin du 7 juin.

Le poids des antieuropéens ne se retrouvera pas parmi les députés élus, puisque la régionalisation du scrutin des Européennes pénalise fortement les petites listes. Une surprise n'est cependant pas à exclure, vu la forte abstention attendue, l'électorat protestataire étant davantage mobilisé.

Je trouve particulièrement intéressante la forte résistance de la droite, tant en France que dans les autres pays européens. En puisant largement dans les idées de la gauche pour contrer la crise bancaire et économique, elle l’a privé d’oxygène. Surtout, dans aucun pays, la crise actuelle n’est perçue comme une crise du système dans son ensemble appelant des solutions plus radicales que celles qui sont mises en œuvre actuellement. En clair, le « grand soir » espéré par certains et craint par d’autres ne semble décidément pas pour demain. L’effet, sur le Parlement européen, est largement prévisible : la droite y sera, encore une fois, largement majoritaire. Quant aux antieuropéens, leur discours dans la tempête actuelle est inaudible. Même si l’Europe telle qu’elle est ne plait pas à tout le monde, chacun a pris conscience que sans elle, la crise aurait été bien pire. Bref, même si les antieuropéens réunissent beaucoup de voix — surtout en France, à vrai dire —, c’est surtout en raison d’un vote protestataire perçu comme sans risque.

Photos: Thierry Monasse