
Certes, ces prévisions valent ce qu’elles valent, puisqu’aucun économiste n’a vu venir la récession et encore moins prévu sa violence. En clair, la réalité pourrait être pire ou bien meilleure qu’attendu tant les caractéristiques de la crise actuelle semblent largement échapper à toute analyse rationnelle. À tel point que les gouvernements européens et la Banque centrale européenne ont mis en doute, par exemple, la « méthode » du FMI dont les chiffres sont encore plus cataclysmiques que ceux de la Commission. Il n’en reste pas moins que le tableau dressé fait froid dans le dos.
Au sein de la zone euro, seule Chypre devrait échapper de justesse à la récession (+ 0,3 %). La
France, avec – 3 % fait mieux, si l’on ose dire, que le reste de la zone : mais à la mi-janvier, la Commission tablait sur un recul de l’activité limité à « seulement » - 1,8 %... Donc, rien n’est sûr. L’Allemagne, elle, plonge à -5,4 % et l’Italie à -4,4 %. C’est l’Irlande qui connaît la pire récession avec un vertigineux -9 %... Hors zone euro, les pays baltes sont les plus touchés (entre -10,3 % et -13,1 %). Aucun des pays d’Europe de l’Est n’échappe à ce plongeon d’autant plus rude qu’ils ont connu une forte croissance ces dix dernières années. Cette récession a des conséquences catastrophiques sur l’emploi : le taux de chômage passe de 7,7 % en 2008 dans la zone euro à 9,9 % cette année et à 11,5 % en 2010. On retrouve ainsi les niveaux atteints au début des années 90. En deux ans, la zone euro va perdre 8,5 millions d’emplois alors qu’elle en a créé 9,5 millions entre 2006 et 2008.

Partout, le déficit et la dette explosent. Au sein de la zone euro, le déficit moyen passe de -1,9 % du PIB en 2008 (-3,4 % en France) à -5,3 % en 2009 (-6,6 % en France) et -6,5 % en 2010 (-7 % en France). La dette moyenne augmente en moyenne de 69,3 % du PIB, en 2008, à 77,7 % en 2009 et 83,8 % en 2010, un niveau sans précédent. Au passage, le rétablissement des finances publiques s’annonce douloureux…
Seules bonnes nouvelles : l’inflation est à son plus bas historique (+0,4 %), ce qui dégage du pouvoir d’achat, et l’Union devrait échapper à la déflation (+1,2 % en 2010). Surtout, le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia a expliqué que « nous ne sommes plus en chute libre ». Mieux : il estime que la situation montre « des signes de stabilisation ». Pour lui, « le creux de la vague se rapproche de plus en plus ». Ses services prévoient une légère récession de -0,1 % en 2010, année qui marquera le début « d’une timide reprise ». Il a aussitôt tempéré cet accès d’optimisme : « même s’il y a des signes positifs, nous n’avons pas la masse critique de statistiques pour dire que nous sommes tirés d’affaire ».
Rassurant
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