
Certes, reconnaît le FT, « la Commission n’est pas un gouvernement. Elle dispose seulement d’un petit budget, n’a pas le pouvoir d’augmenter les impôts ou d’émettre des emprunts et ne peut agir que dans de strictes limites. Mais de nombreuses dimensions de la politique économique sont désormais intégrées en Europe et on pouvait attendre de la Commission qu’elle joue un rôle leader dans la coordination et comme source de nouvelles idées pour combattre la crise. Le problème de la Commission n’est pas dans ses fonctionnaires. Mais, en l’absence d’un leadership politique, ils appliquent les règles telles qu’elles sont, par exemple en recommandant une brutale et suicidaire réduction des dépenses publiques en Lettonie, en appliquant sans flexibilité les critères d’adhésion à la zone euro ou en proposant une réglementation financière inadaptée. Ce ne sont pas les causes du problème, mais les symptômes d’une absence de direction politique ».
Pour le FT, « on dit qu’un poisson pourrit par la tête et c’est exactement ce qui va se passer ici.
Rien ne sent plus mauvais dans la politique européenne que l’apparente inéluctabilité de la reconduction de Barroso pour un nouveau mandat de cinq ans (…). Il a passé plus de temps ces cinq dernières années à se préoccuper de sa réélection que de son travail ». Reconduire l’ancien premier ministre portugais, c’est envoyer un « message politique désastreux » puisqu’il ne sert à rien d’avoir effectué un bon travail. Wolfgang Munchau estime que Barroso est le « président le plus faible de tous les temps », « un homme vain et sans courage politique ». Et d’espérer que le salut vienne du prochain Parlement européen qui aurait les moyens de renvoyer Barroso à ses chères études.

Dans la même veine, Guy Verhofstadt, l’ancien premier ministre libéral belge, et candidat aux Européennes, en a remis une couche aujourd’hui : « Nous n’avons pas de stratégie européenne claire pour lutter contre la crise, la plus sérieuse depuis la Deuxième Guerre mondiale, et nous constatons que la Commission se tait ». « Il nous faut une Commission avec une stratégie. Celle-là n’en a pas ». Il est fascinant de constater que personne ne défend réellement le président de la Commission, même si le Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement le soutient unanimement ainsi que le PPE (conservateur). À chaque fois que j’ai pu parler en privé à des chefs de gouvernement, ils m’ont dit pis que pendre de l’homme. Au sein du PPE, c’est encore pire. Barroso, produit de la lâcheté européenne ? On peut sérieusement se poser la question.
Photos: Thierry Monasse