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Blog «Coulisses de Bruxelles»

Le Berlaymont brûle, Barroso en piste pour un second mandat

L’incendie du Berlaymont, nom du bâtiment qui abrite le siège de l’exécutif européen à Bruxelles, n’a pas découragé José Manuel Durao Barroso. Prenant son courage à deux mains, défiant le mauvais œil, le président de la Commission européenne est désormais officiellement candidat à un second mandat de cinq ans, comme il vient de le laisser entendre à plusieurs journaux européens, dont Le Monde (mais pas Libération, je vous rassure...). Pourtant, le feu qui a obligé les pompiers à évacuer quelque
DR (Monasse/europolitiquephoto.eu)
publié le 19 mai 2009 à 22h55
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h12)
L’incendie du Berlaymont, nom du bâtiment qui abrite le siège de l’exécutif européen à Bruxelles, 20090518 Incendie 10 n’a pas découragé José Manuel Durao Barroso. Prenant son courage à deux mains, défiant le mauvais œil, le président de la Commission européenne est désormais officiellement candidat à un second mandat de cinq ans, comme il vient de le laisser entendre à plusieurs journaux européens, dont Le Monde (mais pas Libération, je vous rassure...). Pourtant, le feu qui a obligé les pompiers à évacuer quelques 2700 fonctionnaires ne s’est pas déclaré n’importe où, hier après-midi, mais au symbolique treizième étage, celui-là même qui abrite les bureaux de Barroso. N’importe qui y aurait vu un mauvais signe (le feu, le 13, peut-être même des pattes de poulets grillées retrouvées sur place, allez savoir). Pas lui, ce qui montre bien qu’il est l’homme dont l’Europe à besoin (je précise, au cas où : ;-)).
20090518 Jose Manuel Barroso 03 Dans cet entretien, Barroso n’a guère laissé planer de doute. « Je prendrai ma décision après les élections, en considérant l’appui dont je dispose parmi les États membres et au sein du Parlement. C’est une question de respect des électeurs. Bien sûr, je suis très fier du soutien reçu de différents gouvernements de différentes familles politiques (…) Cette confiance peut laisser penser que nous disposons des conditions pour poursuivre notre agenda pour l’avenir de l’Europe. Je ne vous cache pas non plus que j’aime beaucoup ce que je fais, que j’ai une conviction européenne ».
Ce qui est le plus intéressant dans cet entretien est son insistance pour que la nouvelle Commission soit nommée sous le traité de Nice et non sous celui de Lisbonne - s’il est ratifié par les Irlandais-, comme une partie des capitales européennes et du Parlement le demande : « on  doit tout faire sous le traité de Nice », martèle-t-il. On peut comprendre son impatience : avec le traité de Lisbonne, il devra obtenir une majorité absolue des membres du Parlement alors qu’une majorité relative des votants suffit avec Nice. Or, après cinq ans de règne, les eurodéputés savent à quoi s’attendre. Est-ce un hasard si Barroso, au nom de la « neutralité » de la Commission refuse de dévoiler son programme pour la prochaine législature avant d’être nommé ? Ce simple fait suffit à comprendre que l’ancien premier ministre portugais n’a pas changé et n’entend pas changer (je renvoie à son soutien répété à son commissaire chargé du marché intérieur, l’Irlandais Charlie McCreevy). Homme du libre marché il est, homme du libre marché il restera.

NB: Le feu a en fait pris au premier sous-sol et s’est directement transmis au treizième étage par la magie des gaines techniques... Quand je disais qu’il fallait y voir la main du diable :-D

Photos: Thierry Monasse (dont l’une des photos de Barroso a été publiée aujourd’hui dans Le Monde, ce qui n’est que justice).