
En revanche, ceux qui ne se sont pas trompés de scrutin ont été plébiscités par l'électorat. L'UMP, d'abord, qui a vanté les résultats de la présidence française de l'Union et qui fait la course en tête avec 28 % des voix. Ensuite, bien sûr, Europe Écologie de Daniel Cohn-Bendit, qui talonne le PS avec 16,2 % des voix et le même nombre d'élus à Strasbourg (14) . Et enfin, le « Front de gauche » de Jean-Luc Mélenchon. Vous savez tous l'affection que je porte au sénateur, mais au moins sa campagne a porté sur « l'autre Europe » qu'il appelle de ses voeux. Le NPA a tenté de redresser la barre en fin de campagne, mais il était trop tard. Bref, les Français savaient qu'ils votaient pour des députés au Parlement européen, pas pour un scrutin national.
Reste le cas de Philippe de Villiers et de Libertas : bien que sa campagne ait uniquement porté sur l'Europe, il n'a pas dépassé 4,8 %, ce qui semble infirmer la démonstration. Mais une autre explication se superpose : les antiEuropéens, ceux qui veulent revenir à l'Europe des nations (ce n'est le cas ni du NPA, qui a modifié son discours, ni du Front de gauche) n'ont qu'une audience très limitée en France. Outre les 4,8 % de Villiers, on peut ajouter à ce courant le FN (6,5 %), Lutte ouvrière et Debout la République, soit moins de 14 % des voix. Un courant trop divisé pour représenter une force quelconque.
Autre enseignement de ce scrutin : l'émiettement des forces de gauche qui ne peuvent en l'état représenter une alternative sérieuse à l'UMP. Mélenchon a eu raison de dire, hier, que le 7 juin 2009 était un nouveau 21 avril 2002 pour la gauche qui s'enfonce dans une crise dont on voit mal comment elle pourra sortir avant 2012, même si, il ne faut pas l'oublier, les Européennes n'ont jamais préjugé du scrutin suivant (après sa déculottée de 1994, le PS a gagné les législatives de 1997 ; après sa victoire de 1999, il a perdu la présidentielle de 2002…). En tous les cas, ceux qui espéraient un « grand soir » contre l'économie de marché à la faveur de la crise économique actuelle en sont pour leurs frais. C'est vrai en France, c'est vrai pour l'ensemble de l'Union. Mais si la crise se prolonge et si la droite s'avère incapable de réparer les dégâts dont elle est largement responsable, il n'est pas exclu que les citoyens se tournent vers les extrêmes.
N.B..: Pour une analyse de l'abstention, voir l'analyse de mon confrère du Monde. Plus de 53 % des abstentionnistes se disent très ou assez attachés à l'Europe.
Photo: Reuters