Les souverainistes, eurosceptiques et europhobes de tous poils, contrairement à ce qu’ont laissé
croire les chiffres impressionnants atteints par l’extrême droite dans certains pays (Pays-Bas, dont la dérive devient inquiétante, Grande-Bretagne, Hongrie, Bulgarie, etc.), ne sortent absolument pas renforcés des élections européennes : ils seront très exactement 96 députés sur 736 dans la prochaine assemblée, soit 13 % des effectifs, la proportion qu’ils représentaient dans le précédent hémicycle. Cela, c’est pour la droite et la droite radicale. Si on ajoute la gauche non sociale-démocrate, c’est-à-dire l’ensemble du groupe de la Gauche unitaire européenne (GUE) qui compte pour l’instant 32 députés (dont 4 du Front de gauche et 8 de Die Linke) – contre 41 dans la précédente assemblée —, les eurosceptiques passent à 128 députés, soit 17,5 % des effectifs, là aussi une proportion quasi inchangée. Mais cette dernière addition est contestable, je le reconnais.

En fait, il faut distinguer, à droite, entre europhobes purs et durs et simples eurosceptiques. Dans la première catégorie, celle des nationalistes, on peut ranger les 13 députés du United Kingdom Independence Party (UKIP) et les 2 élus du British national Party (BNP), le HZDS slovaque, les 3 élus du PRM Roumain, les 2 élus du FPÖ autrichien, les 4 élus du PVV néerlandais, les 3 élus du Jobbik hongrois, les 3 élus du FN, les 2 élus de l’ATAKA bulgare et les 2 élus du Vlaams Belang belge. Soit très exactement 35 europhobes provenant de 9 pays. A priori, ils sont assez nombreux pour former un groupe, puisqu’il faut au minimum 25 députés provenant de 7 pays. Le problème est qu’il s’agit de partis nationalistes qui, par nature, ont du mal à travailler ensemble comme le montre la dernière tentative de créer un tel groupe. Et on voit mal les Roumains, les Hongrois et les Bulgares cohabiter ensemble très longtemps, les contentieux frontaliers et de minorités les opposant étant nombreux.

Enfin, la GUE pourra continuer à exister en tant que groupe, mais de justesse. Cela étant, au Parlement européen, on estime que l’inclure parmi les eurosceptiques est injuste, ce groupe se battant pour une Europe de gauche, pas pour mettre à bas ses institutions comme les souverainistes et eurosceptiques de droite. Le débat est ouvert…
Quoi qu’il en soit, ces trois groupes, très minoritaires, ne pèseront pas dans la prochaine assemblée. Le Parlement européen fonctionnant grâce à des compromis, ceux qui s’en excluent se condamnent à gérer le ministère de la parole.
photo: Thierry Monasse