Il y a un mois, le 7 juin, la Belgique votait non seulement pour les Européennes, mais aussi pour les régionales. Dans ce pays largement fédéralisé, ces élections sont au moins aussi importantes que les législatives fédérales (qui ont eu lieu en juin 2007). Si, pour l’instant aucun gouvernement n’a encore été constitué, les négociations entre les partis politiques vont bon train et devraient déboucher dans les jours qui viennent sur des accords de majorité.
La poussière du scrutin étant retombée, on y voit un peu plus clair dans les coalitions qui vont diriger ce petit royaume. Et le moins que l’on puisse dire est que ce n’est pas la clarté qui prévaudra au final. Qu’on en juge.
La région flamande (où vit 60 % de la population) sera dirigée par le CD&V (chrétiens-démocrates), la NV-A (son ancien partenaire de cartel qui milite pour une indépendance de la Flandre) et les socialistes du SP-A qui se sont pourtant pris une nouvelle claque après celle de juin 2007. Mais ces trois partis sont largement d’accord sur l’essentiel, à savoir une autonomie accrue de la Flandre pouvant mener à l’indépendance.
Côté francophone, pour une fois, c’est la simplicité qui domine : la région Wallone, Bruxelles et la Communauté française (compétente pour les affaires culturelles, la Flandre ayant, elle, fusionné communauté et région) seront gouvernées par la même coalition. Comme d’habitude, on retrouve au centre des combinaisons un PS toujours dominateur, même s’il est en perte de vitesse, associé à ses alliés qui deviennent indéfectibles, les centristes du CDH, et aux Verts qui ont effectué une percée remarquable. Au sud, comme au nord, les libéraux (MR du ministre des Finances Didier Reynders et Open-VLD) ont été rejetés dans l’opposition.
Enfin, pas tout à fait : l’Open-VLD sera associé au gouvernement de la région bruxelloise (collège néerlandophone) avec Groen (écologistes) et le CD&V. Et les libéraux, francophones et néerlandophones, sont toujours membres du gouvernement fédéral qui est composé, rappelons-le, de deux partis flamands (CD&V et Open-VLD) et de trois partis francophones (MR, PS et CDH). Et je vous épargne la communauté germanophone (coalition du SP, PFF et proDG).
Vous avez suivi ? Je suis persuadé que même les Belges sont perdus depuis longtemps. L’effet pervers de ce système, où les États fédérés sont placés sur un pied d’égalité avec l’État fédéral, est qu’aucun parti n’est vraiment dans l’opposition et donc que personne n’a intérêt à dénoncer les dérives d’un système dont il est parti prenante. Car, en réalité, il n’y a que deux partis renvoyés dans une opposition à tous les étages : les fascistes du Vlaams Belang et les populistes de la liste Dedecker (LDD).