
La réunion s’est déroulée en deux temps. Le PPE voulait à toute force inscrire le vote d’investiture à l’ordre du jour de la session plénière de Strasbourg qui se tiendra du 14 au 17 septembre prochain. Un premier vote a donc eu lieu pour savoir si la possibilité d’un vote devait être inscrite ou si on laissait un blanc. Le PPE, les eurosceptiques de l’ECR (conservateurs et réformistes européens) et les europhobes de l’ELD (Europe de la liberté et de la démocratie) ont voté en faveur de cette inscription, les socialistes du S&D, la gauche radicale de la GUE et les Verts se sont prononcés contre, et les démocrates et libéraux de l’ALDE se sont abstenus. Les votes étant pondérés en fonction de l’importance numérique des groupes, le PPE a emporté cette manche.
Ensuite, Guy Verhofstadt, le président du groupe ALDE, a proposé que les mots
« vote d’investiture » soient mis entre parenthèses et qu’il soit précisé en note que c’est la conférence des présidents du 10 septembre qui décidera ou non de le maintenir. Nouveau vote et cette fois, Verhofstadt fait basculer la majorité du côté des socialistes et des Verts… Hurlements de Daul qui s’estime trahi par ses alliés socialistes et libéraux. De fait, le président du groupe PPE était sûr et certain d’avoir le soutien des socialistes… Mais Schulz, de plus en plus contesté par ses propres troupes, a été obligé de durcir le ton. « Quand je suis parti, Daul, Schulz et Verhofstadt s’engueulaient encore », raconte Daniel Cohn-Bendit, le président du groupe Vert.

Autant dire que le sort de Barroso est loin d’être fixé, chaque heure gagnée renforçant le camp de ses opposants. Un nouvel élément est venu davantage plomber sa candidature : Tony Blair, l’ancien premier ministre britannique, est désormais officiellement candidat à la présidence du Conseil européen. « On ne peut pas avoir à la fois l’OTAN, la Commission, le Conseil européen présidés par des partisans de la guerre en Irak », s’offusque Cohn-Bendit. « Il faut quand même être raisonnable ! »
En outre, le fait que les deux groupes eurosceptiques du Parlement soutiennent la candidature de Barroso ne plaide évidemment pas en sa faveur. Car il apparaît de plus en plus qu’il est le candidat de ceux qui veulent moins d’Europe. Il n’est dès lors pas exclu que les défections soient nombreuses au sein du PPE lors du vote d’investiture qui aura lieu à bulletins secrets. Déjà, plusieurs députés de ce groupe m’ont confié qu’ils ne voteraient en aucun cas pour l’ancien Premier ministre portugais.