
Durant l’été, il a
donc préparé un programme pour les cinq prochaines années afin de répondre
notamment aux exigences des groupes socialiste et libéral-démocrate qui lui ont
adressé en juillet dernier une série de demandes avant de se prononcer. En
particulier, ces groupes veulent que Barroso se montre davantage volontariste
face à la crise financière et économique. Ces « lignes directrices
politiques », qui n’engageront que lui et non l’ensemble de la future
Commission qui ne sera nommée qu’à la fin du mois d’octobre, seront envoyées
cette semaine aux présidents des sept groupes politiques de l’Europarlement.
Ensuite, Barroso sera entendu à huit-clos par les députés les 8 et 9 septembre.
Enfin, le 10 septembre, la conférence des présidents de groupe décidera ou non
d’inscrire le vote d’investiture à l’ordre du jour de la session plénière de la
mi-septembre. À l’heure actuelle, seuls les groupes conservateur (PPE, parti
populaire européen, dont est membre l’UMP), eurosceptique (ECR, conservateurs
et réformistes européens) et europhobe (EFD, Europe des libertés et de la
démocratie) soutiennent ce calendrier, ce qui est largement insuffisant.
Les autres groupes
politiques estiment, pour l’instant, qu’il n’est nul besoin de se précipiter.
Les Verts et la
gauche radicale (GUE) sont viscéralement opposés à la
reconduction de cet « ultralibéral » alors que les socialistes et les
libéraux-démocrates sont divisés : à défaut de le faire trébucher, ils
espèrent au moins obtenir un maximum de concessions. Marielle de Sarnez
(Modem), qui siège au groupe libéral-démocrate, ne croit guère à ces promesses :
« Barroso promettra tout ce qu’on veut, tellement il est malléable ».

Beaucoup font aussi
valoir des raisons institutionnelles. En effet, les Irlandais doivent se
prononcer le 2 octobre prochain, lors d’un second référendum, sur le traité de
Lisbonne. S’ils l’approuvent, comme semblent l’indiquer les sondages, les
conditions de nomination du président de la Commission changeront : au
lieu d’une majorité simple des voix exprimées, qui est la règle actuelle du
traité de Nice, il faudra réunir une majorité absolue des membres du Parlement.
En outre, il y aurait quelque incohérence à investir Barroso sous Nice et le
reste de sa Commission sous Lisbonne. C’est le principal argument de Daniel
Cohn-Bendit, le coprésident du groupe Vert : « c’est comme si on
élisait le président de la République avec les règles de la IVe République
alors que l’on sait que l’on va passer sous la Ve quelques semaines plus tard.
Nous sommes prêts à contester une telle investiture devant la Cour de justice
européenne ».
La politique intérieure
des États membres pourrait aussi brouiller les cartes : ainsi, les députés
allemands du SPD et du FDP (libéraux) préfèreraient attendre le lendemain des
élections générales du 27 septembre pour se prononcer. De même, les socialistes
portugais qui affrontent des élections législatives en octobre pourraient
lâcher Barroso s’ils obtiennent à nouveau la majorité : la raison de leur
soutien était la crainte de son retour sur la scène politique locale. Bref, on
comprend que le président sortant de la Commission soit pressé d’en finir, le
temps qui passe jouant contre lui.
Photos: Thierry Monasse